Présidentielle 2025 : le gouvernement encadre le financement des campagnes pour plus de transparence

À l’approche de l’élection présidentielle du 12 avril 2025, les autorités gabonaises ont réuni, le 4 avril, les mandataires financiers des différents candidats pour une séance d’explication inédite sur les règles entourant la gestion des fonds de campagne. À l’initiative du ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, également président de la Cnocer, cette rencontre visait à poser les bases d’une transparence renforcée dans le processus électoral.
La rencontre s’est tenue en présence de hauts responsables de la Cour des comptes, de l’Autorité de contrôle des élections et du référendum (ACER), et du procureur général près la Cour. Objectif : vulgariser les nouvelles obligations légales et encourager une culture de reddition de comptes.
Ce rendez-vous a été qualifié d’« exercice inédit au service de la transparence démocratique » par le ministère de l’Intérieur. Rendu possible par les réformes récentes du Code électoral, il s’inscrit dans une volonté affichée de moraliser la vie politique. Désormais, chaque candidat doit présenter un compte prévisionnel de campagne détaillant les ressources mobilisées et les dépenses envisagées. Ce document, prévu par l’article 109 de la Loi organique n°001/2025 du 19 janvier 2025, est obligatoire pour toutes les listes et partis engagés dans une élection ou un référendum.
Autre nouveauté majeure : l’instauration d’un plafond des dépenses électorales. Cette mesure vise à garantir l’équité entre les candidats, en empêchant toute forme de démesure financière qui fausserait le jeu démocratique. Par ailleurs, les apports issus de personnes morales sont désormais strictement interdits, afin d’éviter les influences extérieures et les conflits d’intérêts. En clair, l’argent de campagne doit être traçable, justifiable, et conforme aux plafonds fixés.
Les représentants de la Cour des comptes ont profité de cette rencontre pour détailler les différentes étapes de l’élaboration et du dépôt des comptes de campagne : de la désignation du mandataire financier à la clôture des opérations, en passant par la justification des recettes et dépenses. Ils ont également insisté sur les sanctions encourues en cas de manquement : invalidation du scrutin, poursuites pénales, ou encore engagement de la responsabilité financière personnelle du candidat.
Pour nombre de mandataires, ces exigences constituent un terrain encore peu connu. D’où le caractère pédagogique de cette réunion. Il ne s’agissait pas uniquement de rappeler les textes, mais d’engager une dynamique de responsabilisation. À travers cet exercice, les autorités espèrent provoquer une véritable appropriation des règles et initier un changement durable dans la manière d’aborder le financement des campagnes électorales.
En somme, cette réunion marque un tournant dans l’histoire électorale gabonaise. Elle symbolise une volonté politique de rupture avec l’opacité et les pratiques douteuses qui ont souvent entaché les processus passés. Si l’appropriation du nouveau cadre légal reste progressive, cette initiative ouvre la voie à une démocratie plus saine, où l’équité des moyens, la transparence des pratiques et le respect des règles ne sont plus des options, mais des exigences fondamentales.