Politique

Entre tradition et République : Brice Oligui Nguema entre en fonction sous le regard des ancêtres

Le Gabon a officiellement tourné la page de la transition le samedi 3 mai 2025, en installant Brice Clotaire Oligui Nguema à la magistrature suprême. C’est au Stade d’Angondjé, devant des milliers de citoyens et des invités venus de divers horizons, que s’est tenue une cérémonie à forte portée symbolique. Premier président de la Cinquième République, le nouveau chef de l’État a été investi dans une atmosphère solennelle, mêlant rigueur institutionnelle et ancrage culturel profond.

Au-delà du protocole républicain et de la prestation de serment devant les juges constitutionnels, l’instant le plus marquant fut sans doute celui où les chefs coutumiers ont confié, au nom des neuf provinces, le pouvoir aux « esprits invisibles et aux ancêtres ». Une séquence rare et solennelle, qui ancre la fonction présidentielle dans une double dimension, à la fois temporelle et spirituelle. « Le mandat de Brice Clotaire Oligui Nguema a été symboliquement confié par les chefs coutumiers et traditionnels aux esprits invisibles et aux ancêtres des neuf provinces du pays », a-t-on pu entendre dans l’allocution dédiée à ce rituel.

Parmi les temps forts de cette cérémonie, l’allumage de neuf bougies, représentant chacune une province du Gabon, a profondément touché l’assistance. Disposées en cercle et allumées une à une par le président lui-même, sous le regard vigilant des notables, ces flammes ont porté un message de paix, de cohésion et d’unité nationale. Un geste sobre mais chargé de sens. « La lumière d’unité, d’espoir et de renouveau » a ainsi embrassé symboliquement le territoire dans son intégralité.

Autre moment d’intensité : la remise d’attributs traditionnels au chef de l’État. Peau de panthère, torche indigène, objets sacrés autant de symboles remis par les autorités coutumières pour lier la fonction présidentielle à la sagesse ancestrale, à la vérité et à la justice. Cette transmission rituelle dépasse le simple cadre protocolaire : elle inscrit le mandat présidentiel dans une dimension sacrée, en résonance avec les valeurs profondes du peuple gabonais. « Ces gestes ont consacré la fonction présidentielle non seulement comme un mandat politique, mais aussi comme une mission spirituelle au service du peuple », a-t-on commenté en marge de la cérémonie.

Avec cette investiture, la transition entamée en août 2023 touche à sa fin. Un nouveau chapitre s’ouvre pour le Gabon, entre espérance populaire et exigence d’authenticité. Le président Oligui Nguema, désormais porteur d’un mandat à double fondement, républicain et traditionnel, devra conjuguer reconstruction institutionnelle et enracinement culturel. L’annonce imminente de la composition du gouvernement dira si cette alliance entre modernité et identité trouve un écho dans les actes du pouvoir.

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