Politique

Gabon : quelle place pour le Vice-Président dans la nouvelle architecture institutionnelle ?

Avec la promulgation de la loi référendaire n°002-R/2024, en date du 19 décembre 2024, la République Gabonaise s’est dotée d’une nouvelle Constitution. Parmi les réformes notables, la réintroduction de la fonction de Vice-Président de la République marque un tournant, avec des attributions désormais clairement définies entre les articles 48 et 52. Ce lundi 05 mai, Séraphin Moundounga a été nommé Vice-président de la République. Mais quel est véritablement le rôle de ce nouvel acteur institutionnel ? Et jusqu’où s’étendent ses prérogatives ?

Le Vice-Président de la République n’est pas issu du suffrage universel. Il est directement désigné par le Président de la République, qui détient également le pouvoir de mettre fin à ses fonctions. Cette dépendance hiérarchique est établie noir sur blanc à l’article 48, qui précise que la nomination comme la révocation du Vice-Président relèvent du seul Chef de l’État. Contrairement à d’autres pays où le Vice-Président forme un ticket électoral avec le Président, ici, il s’agit avant tout d’un collaborateur de confiance, sans base électorale propre.

Une fonction temporaire, encadrée par des circonstances bien précises

Le mandat du Vice-Président n’est pas lié à un calendrier fixe, mais à des événements institutionnels majeurs. Ainsi, ses fonctions prennent fin automatiquement à la proclamation officielle des résultats de l’élection présidentielle par la Cour Constitutionnelle. Il en est de même en cas de vacance de la présidence ou d’empêchement définitif du Chef de l’État. En clair, il ne devient pas automatiquement Président par intérim : la Constitution prévoit un autre schéma de succession pour ces situations.

Pour éviter tout conflit d’intérêt, la Constitution interdit au Vice-Président l’exercice de toute autre activité publique ou privée à but lucratif, comme dispose l’article 49. Avant d’entrer en fonction, il doit également prêter serment devant le Président, en présence de la Cour Constitutionnelle. Ce moment solennel est encadré par l’article 50, dans lequel le Vice-Président jure fidélité à la Constitution et promet loyauté et discrétion envers le Chef de l’État.

Le Vice-Président n’exerce pas de pouvoir de plein droit. Toute action de sa part doit s’inscrire dans le cadre d’une délégation formelle du Président. L’article 51 est explicite : il supplée le Président uniquement dans les fonctions que ce dernier lui confie. Même la présidence d’un Conseil des ministres nécessite une autorisation expresse, avec un ordre du jour précis. Ces délégations seront encadrées par une future loi organique encore attendue.

Un rôle de soutien, sans autonomie politique

Si le Vice-Président intègre bien le dispositif exécutif, il ne dispose d’aucune marge d’action autonome. Il incarne un prolongement du pouvoir présidentiel, un représentant occasionnel, un rouage utile mais dépendant. En réinstaurant cette fonction après plusieurs années d’absence, le pouvoir central affiche sa volonté de consolider l’appareil exécutif, tout en conservant une structure de commandement resserrée autour de la Présidence.

Articles connexes

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page