Mort de Jerry Moussounda Nguembi : SOS Prisonniers Gabon dénonce une exécution et exige une enquête

L’ONG SOS Prisonniers Gabon (SPG) a saisi ce mercredi le ministre de la Justice pour réclamer l’ouverture immédiate d’une enquête indépendante sur la mort de Jerry Moussounda Nguembi. Le jeune homme, appréhendé pour un vol présumé en novembre 2024, serait décédé suite à des actes de torture au domicile de la mère d’un général. Une affaire qui jette une lumière crue sur les questions de justice et de droits humains au Gabon.
L’affaire remonte au 8 novembre 2024. Selon le communiqué de SOS Prisonniers Gabon (SPG), Jerry Moussounda Nguembi est appréhendé à Mindoumbé pour des faits présumés de vol. Il est alors conduit au domicile de la mère du Général BAF, où il aurait été « torturé jusqu’à ce que mort s’en suive ».
Le récit de l’ONG se poursuit avec des détails macabres : le corps de la victime aurait ensuite été ligoté et transporté à l’arrière d’une Mitsubishi double cabine blanche, immatriculée au nom de la santé militaire, jusqu’au commissariat du 5e arrondissement.
C’est là que le décès aurait été officiellement constaté par l’agent de permanence, qui va par la suite alerter le Procureur de la République.

Malgré la gravité des faits allégués et l’intervention d’un médecin légiste mandaté par la famille – qui aurait attesté d’une mort consécutive à une agression physique – aucune enquête sérieuse n’aurait été diligentée à ce jour, selon SPG.
Le corps de Jerry Moussounda Nguembi se trouverait toujours à la morgue des pompes funèbres de SAAF, six mois après les faits.
L’organisation de défense des droits humains dénonce également des actes d’intimidation. Le frère aîné de la victime aurait été arrêté et menacé par la Brigade Anti-Criminalité (BAC) après avoir interpellé le Général BAF par messagerie au sujet du décès de son cadet.

Cette nouvelle interpellation des autorités par SOS Prisonniers Gabon intervient dans un contexte de renouvellement des institutions où la question du respect des droits humains reste sensible.
D’autres allégations de torture et de mauvais traitements en détention ont été signalé durant la périodede transition. Ce qui soulève des préoccupations chez les observateurs nationaux et internationaux.
Récemment encore, des rapports d’organisations de défense des droits humains ont pointé « l’absence d’obligation de rendre compte pour les allégations de recours systématique à la torture » par certains agents des forces de sécurité.

Si, dans d’autres affaires de « tortures mortelles » impliquant des militaires et survenues durant cette transition, des enquêtes ont été annoncées et des arrestations effectuées, le cas de Jerry Moussounda Nguembi semble, selon SPG, bloqué.
Face à cette situation, SOS Prisonniers Gabon pose des questions fondamentales. « Dans un État de droit comme le nôtre, peut-on se faire justice soi-même ? Les pauvres n’ont-ils pas droit à la justice ? Leurs vies ont-elles moins de valeurs ? »
L’ONG en appelle donc solennellement au ministre de la Justice, Garde des Sceaux, chargé des Droits Humains, pour que « justice soit rendue » et que « les auteurs de ce crime crapuleux soient punis conformément à la loi ».
L’ouverture d’une enquête « sérieuse, indépendante et impartiale » est la principale requête de SPG, qui voit dans cette démarche un pas vers une « véritable indépendance de la justice » au Gabon.