Gabon : Ali, Sylvia et Nourredin Bongo désormais en exil en Angola

Après plusieurs mois de silence et de spéculations, la famille de l’ancien président gabonais Ali Bongo Ondimba a quitté le Gabon pour s’installer en exil à Luanda, en Angola. Cette décision intervient à la suite d’intenses tractations diplomatiques menées par le président angolais João Lourenço, également président en exercice de l’Union africaine, avec le chef de l’État gabonais, Brice Clotaire Oligui Nguema.
La nouvelle a été officiellement confirmée ce vendredi 16 mai 2025 via une publication de la présidence de la République d’Angola sur sa page Facebook : « Suite aux manifestations faites par le président de la République d’Angola et président en exercice de l’Union Africaine, João Lourenço, avec le président Brice Clotaire Oligui Nguema, du Gabon, la famille Bongo a été libérée et vient d’arriver à Luanda. ». Ce court message marque un tournant décisif dans le feuilleton politico-judiciaire autour des Bongo, mis en cause depuis la transition du 30 août 2023.
Depuis plusieurs mois, Sylvia Bongo Ondimba et son fils Noureddin Bongo Valentin étaient placés en résidence surveillée, poursuivis pour détournement de fonds publics, blanchiment d’argent et corruption active. Leur état de santé, marqué par une grève de la faim, avait récemment relancé les débats sur leur sort et la pression diplomatique en coulisses. Ali Bongo, quant à lui, avait renoncé publiquement à la politique en septembre 2024, demandant la libération de ses proches.
L’arrivée de la famille Bongo en Angola consacre la fin d’un chapitre chargé d’émotions pour une dynastie qui a régné sur le Gabon pendant plus de cinq décennies. En toile de fond, cette sortie négociée laisse entrevoir une volonté de l’Union africaine de jouer un rôle plus actif dans la stabilisation des transitions politiques en Afrique centrale, tout en permettant au Gabon de poursuivre son processus de refondation sans heurts majeurs.
Mais pour une partie de l’opinion gabonaise, cette issue laisse un goût amer. Nombreux sont ceux qui estiment que justice n’a pas été rendue, notamment au regard des événements post-électoraux d’août 2016, qui ont profondément marqué le pays. La libération des Bongo, sans procès, est perçue comme une trahison de la mémoire des victimes. Désormais, les regards se tournent vers une autre figure emblématique incarcérée : Kelly Ondo Obiang, dont la libération est attendue avec insistance par plusieurs mouvements citoyens.