Critiques

Insalubrité, délabrement, manque de matériel… Le principal centre de santé de Koula-Moutou n’est plus qu’un édifice fantôme, symbole vivant de l’abandon des services publics essentiels.

Koula-Moutou – Santé publique


Centre de santé urbain de Koula-Moutou : vestige sanitaire en état de putréfaction

Par la rédaction – Source : MBOLWE

Censé incarner le premier maillon du système sanitaire gabonais, le Centre de santé urbain de Koula-Moutou est aujourd’hui un lieu que l’on évite autant qu’on le fréquente par nécessité. Pour ceux qui y entrent, l’expérience tient plus de la survie que du soin. Ce centre ne soigne plus, il expose. À la crasse, à la négligence, à la misère.

Les murs, jadis blancs, sont aujourd’hui jaunis, fissurés, couverts de moisissures. L’eau y fuit du plafond, les sols sont glissants et poussiéreux, les bancs manquent et les quelques chaises branlantes accueillent des malades résignés, regard vide, douleur en main. La vétusté y est telle qu’on s’interroge sur la sécurité du bâtiment lui-même.

Les équipements ? Il n’y en a plus. Ou si peu qu’on en vient à douter de la vocation médicale du lieu. Pas de gants, pas de seringues, pas de tensiomètres fonctionnels, pas de médicaments. Parfois même, pas d’eau courante. Dans les salles, la chaleur est suffocante, les ventilateurs sont hors d’usage et l’éclairage est intermittent. On soigne à tâtons, dans tous les sens du terme.

Côté hygiène, c’est la débâcle : des seringues usagées traînent parfois, les poubelles débordent, les toilettes sont inutilisables, et les odeurs s’invitent jusque dans les salles de soins. En pleine saison des pluies, les moustiques prolifèrent, les flaques s’accumulent, et l’angoisse d’une infection nosocomiale devient aussi grande que la maladie qu’on était venu soigner.

Les soignants, malgré tout, restent là. Épuisés, démotivés mais présents. Ils improvisent, bricolent, parfois se lassent faute de moyens. Ils sont les témoins impuissants d’un désastre sanitaire toléré par une administration sourde et aveugle. Les querelles entre direction, Trésor public et partenaires n’ont fait qu’aggraver une situation déjà intenable.

Face à ce spectacle indigne d’un pays producteur de pétrole, les autorités continuent de se réfugier derrière de fausses promesses de réhabilitation. Pendant ce temps, le centre tombe en ruine. Chaque jour qui passe est une gifle à la dignité humaine et un crachat sur la Constitution qui garantit, en théorie, l’accès à la santé pour tous.

Ce centre n’est pas seulement un problème de santé publique. C’est une honte nationale. Il faut agir. Vite. Ou fermer. Définitivement.

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