Partenariat Gabon–France: des promesses, mais quelles retombées concrètes ?

Une nouvelle rencontre diplomatique a eu lieu ce mardi 27 mai 2025 au Ministère de la Jeunesse et des Sports. Armande Longo, ministre en charge, a reçu Son Excellence Fabrice Mauriès, Ambassadeur de France au Gabon. À l’ordre du jour: sport, culture, jeunesse, insertion professionnelle et coopération muséale. Une palette large, prometteuse sur le papier, mais qui soulève aussi des interrogations sur l’impact réel de ces échanges bilatéraux.
Une coopération… aux contours encore flous
La ministre a salué une « audience très enrichissante », évoquant un renforcement des liens avec la France autour de secteurs jugés stratégiques. Pourtant, comme souvent dans ce type de rencontre, peu de détails concrets ont filtré. Aucun projet précis, aucun calendrier défini, aucun engagement financier annoncé. Si les intentions sont louables, elles restent à ce stade largement théoriques.La coopération internationale est souvent érigée en levier de développement, mais elle peine parfois à produire des résultats tangibles pour les bénéficiaires directs – ici, les jeunes Gabonais et les acteurs du sport ou de la culture.
Jeunesse et emploi: des urgences structurelles
Le discours autour de l’insertion professionnelle des jeunes n’est pas nouveau. Il revient régulièrement dans les échanges bilatéraux. Mais sur le terrain, les défis restent immenses. Le taux de chômage des jeunes au Gabon demeure élevé, et les initiatives d’accompagnement vers l’emploi, bien que nombreuses dans les discours, souffrent de fragmentation et de manque de moyens.S’il est question d’inspiration française en matière de formation et d’entrepreneuriat, encore faudrait-il adapter ces modèles aux réalités locales, plutôt que de transposer des solutions souvent déconnectées du contexte gabonais.
Le sport: soutien aux athlètes ou vitrine politique ?
Du côté du sport, la coopération pourrait porter sur la formation de cadres et l’accompagnement des athlètes. Là encore, le besoin est réel. Mais le Gabon a souvent brillé par ses investissements dans des infrastructures coûteuses et peu exploitées, sans toujours accorder l’attention nécessaire au développement de la base – clubs, entraîneurs, ligues régionales. La question se pose: cette coopération profitera-t-elle réellement aux acteurs du terrain ou sera-t-elle une opération de vitrine diplomatique de plus ?
Culture et musées: entre restitution et oubli
Quant à la collaboration muséale, elle semble s’inscrire dans la lignée des débats sur la restitution des œuvres africaines. Mais là encore, prudence. Plusieurs pays africains attendent toujours des gestes concrets après des années de promesses françaises. Et au Gabon, les musées souffrent d’un manque de moyens criant. Sans un plan clair de financement et de mise en valeur du patrimoine local, la coopération risque de rester symbolique.Vers un énième partenariat de façade ?
À l’issue de cette rencontre, les deux parties se sont félicitées d’un « pas de plus vers un partenariat bilatéral plus solide ». Mais la formule est connue, souvent utilisée, rarement suivie d’effets à la hauteur des enjeux. Le Gabon a besoin d’actions structurantes, pas seulement de belles intentions diplomatiques.
En somme, si cette audience entre Armande Longo et Fabrice Mauriès témoigne d’une volonté de dialogue, elle devra très vite se traduire par des actes concrets, mesurables et suivis, pour convaincre au-delà des cercles institutionnels. Faute de quoi, elle rejoindra la longue liste des « rencontres prometteuses » restées sans suite.