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Protection des forêts : 259 millions pour les communautés, une promesse sous haute surveillance

L’annonce a de quoi séduire, 259 millions de Francs CFA pour rémunérer les communautés locales qui protègent l’environnement. Si l’initiative, lancée ce mardi par le gouvernement gabonais, s’inscrit dans une démarche louable, elle soulève néanmoins une série de questions cruciales sur sa portée réelle, sa gouvernance et sa pérennité. Au-delà de l’effet d’annonce, ce projet pilote devra faire ses preuves sur le terrain.

Un partenariat entre le Ministère de l’Environnement et le Conseil National Climat, un financement international de l’Initiative pour la Forêt de l’Afrique Centrale (CAFI), et un objectif vertueux, celui de tester les « Paiements pour Services Environnementaux » (PSE) au Gabon.

Pourtant, pour les observateurs avertis de la gouvernance environnementale, cette manne financière, aussi bienvenue soit-elle, est loin d’être un chèque en blanc.

Un montant symbolique face à des enjeux colossaux ?

Si 259 millions de FCFA soit environ 400 000 euros, représentent une somme considérable pour un projet pilote, elle reste modeste au regard de l’immensité du territoire forestier gabonais et de l’ampleur de la pauvreté dans certaines zones rurales.

« C’est un bon début, mais il faut être réaliste », confie un expert en développement durable sous couvert d’anonymat. « Pour que ce pilote soit vraiment ‘démonstratif’, il devra être concentré sur une ou deux zones très ciblées. La question est de savoir si les résultats obtenus sur un si petit échantillon seront suffisants pour justifier un déploiement national. »,  Ajoute-il.

La transparence, talon d’Achille de nombreux projets

Le défi le plus redouté reste celui de la gouvernance. Comment garantir que chaque franc CFA destiné à un village arrive bien dans la caisse de la communauté et non dans des poches intermédiaires ?

Le communiqué officiel mentionne un protocole d’accord, mais les détails sur les mécanismes de contrôle, de suivi et de recours en cas de litige restent flous.

Les organisations de la société civile, bien que saluant l’intention, appellent déjà à une vigilance accrue.

« Nous avons vu trop de projets bien financés échouer à cause d’une mauvaise gestion ou d’un manque de transparence », avertit un représentant d’une ONG locale.

« Nous demandons que la liste des communautés bénéficiaires, les critères de sélection et les rapports financiers soient rendus publics. La confiance des populations est la clé du succès, et cette confiance se gagne par la transparence. »

Après le pilote ? La question de la durabilité

La dépendance à un financement externe pose la question fondamentale de la pérennité.

Que se passera-t-il une fois l’enveloppe de 259 millions épuisée ?

L’initiative est indéniablement une opportunité pour le Gabon de se positionner en leader de l’innovation environnementale.

Mais pour transformer cette promesse en un succès tangible, les autorités devront prouver que ce projet est plus qu’une belle vitrine.

Sa réussite ne se mesurera pas au montant de l’annonce, mais à l’impact réel et durable sur la vie des communautés et la santé de la forêt.

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