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Crise au PDG : le droit, ultime arme des loyalistes face aux « usurpateurs »

Politiquement affaiblis depuis la chute d’Ali Bongo Ondimba, les fidèles de l’ancien président gabonais ont déplacé le champ de bataille sur le terrain juridique. Une note d’information détaillée, attribuée au Secrétaire Général qu’ils jugent légitime, révèle une stratégie méticuleuse visant à torpiller la légalité du camp adverse et à placer le pouvoir de transition face à ses responsabilités.

La politique est un art où le rapport de force est roi. Mais que se passe-t-il lorsque la force politique vous échappe ? On se tourne vers la force du droit. C’est la leçon que semble donner la crise existentielle qui secoue le Parti Démocratique Gabonais (PDG).

Alors que la faction des « refondateurs », menée par des barons du parti, contrôle physiquement l’appareil et cherche à tourner la page Bongo, le camp des loyalistes, resté fidèle à l’ex-président, a dégainé son arme la plus affûtée, le formalisme juridique.

Dans une plaidoirie dense et technique, le camp loyaliste, par la voix d’Ali Akbar Onanga Y’Obegue présenté comme le Secrétaire Général légitimement nommé, entreprend une démolition méthodique de la légitimité de ses adversaires, transformant le conflit politique en une guerre de procédure où chaque article des statuts devient une munition.

Usurpation contre bicéphalisme : la distinction qui change tout?

La stratégie loyaliste repose sur une distinction juridique cruciale. La situation au PDG ne relèverait pas du « bicéphalisme », mais de « l’usurpation ». Le bicéphalisme suppose deux directions rivales pouvant chacune revendiquer une légitimité apparente.

Cette situation d’ambiguïté permettrait au Ministère de l’Intérieur d’intervenir et, en vertu de la loi sur les partis politiques, de suspendre le parti pour clarifier la situation.

Or, pour le camp Bongo, il n’y a aucune ambiguïté. Il y a une direction légitime, issue des statuts et incarnée par Ali Bongo Ondimba qui n’a « jamais démissionné », et un groupe d’« usurpateurs » qui a pris le pouvoir par la force le 7 mars 2024.

Qualifier la situation d’usurpation la fait basculer du droit administratif vers le droit pénal. L’objectif est de rendre toute suspension par le ministère illégale et exiger la restauration de la direction statutaire initiale.

Le Congrès du 30 janvier 2025 : chronique d’une « nullité annoncée »

Pour étayer sa thèse de l’usurpation, l’argumentaire loyaliste s’attaque à l’acte fondateur de la nouvelle direction, à savoir le congrès extraordinaire du 30 janvier 2025. Il s’agit d’un véritable audit de légalité visant à le déclarer « juridiquement inexistant ». Les griefs soulevés sont multiples.

La convocation aurait été signée par des personnes sans qualité, dont un « 1er Vice-Président ». Un poste qui n’existerait plus dans les statuts en vigueur de 2022.L’argument le plus puissant est l’accusation selon laquelle les organisateurs se sont basés sur les statuts de 2008, pourtant « expressément abrogés » par ceux de 2022.

Un délai de convocation de 48 heures, une absence de consultation des bases, un ordre du jour imprécis. Chaque entorse au règlement est méticuleusement listée pour vider l’événement de toute substance légale.Cette accumulation de nullités vise à faire du congrès une « mascarade juridique », un non-événement dont aucune décision légitime ne peut découler.

Le Ministère de l’Intérieur : arbitre ou complice ?

Cette offensive juridique vise une cible précise, le Ministère de l’Intérieur, et au-delà, le pouvoir incarné par Brice Clotaire Oligui Nguema.

Avec la réception les membres du « directoire autoproclamé », l’administration est accusée de se rendre « complice » de l’usurpation en leur conférant une reconnaissance de fait.

Plus grave, le texte brandit la menace d’un recours pour « détournement de pouvoir ». Si le ministère invoquait un bicéphalisme fictif pour suspendre le PDG, les loyalistes soutiennent que ce serait un détournement de la loi, non pas pour régler un conflit, mais pour éliminer une faction politique.

La crise au PDG illustre parfaitement comment le droit peut devenir le dernier refuge des acteurs politiquement affaiblis.

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