
Dans une mise en scène soignée, la Délégation Spéciale en charge de la gestion de Libreville a présenté cette semaine son compte administratif 2024 comme une étape vers « plus d’efficacité et de transparence ».Mais derrière les discours sur la « restauration des institutions », les chiffres révèlent une communication politique qui peine à masquer un déficit de gestion préoccupant.
La session, présidée par le Délégué Spécial Adrien Nguema Mba en présence de la Gouverneure de la provincede l’Estuaire, a été présentée comme un succès.
L’adoption du compte à l’unanimité par une « Commission Ad Hoc » dont l’indépendance reste à préciser vient parachever ce tableau d’une gouvernance maîtrisée.
Pourtant, le discours officiel élude l’essentiel. Alors qu’elle se félicite d’un solde final positif de plus de 2 milliards FCFA, la communication omet de préciser que ce chiffre n’est dû qu’aux excédents laissés par les gestions précédentes.

Le résultat de l’année 2024, sous la houlette de la nouvelle équipe, est lui, nettement négatif, avec un déficit de près d’un milliard de FCFA soit 937 millions.
Aussi, l’annonce d’une dotation de 10 millions de FCFA de la part de la transition est mise en avant comme un « appui » majeur. Or, ce montant est dérisoire et représente à peine 1% du déficit de fonctionnement de l’année.
Ce geste, plus symbolique qu’efficace, sert avant tout à renforcer l’image d’un pouvoir central bienveillant et à détourner l’attention des difficultés de gestion réelles.
La vraie transparence ne consiste pas seulement à publier un solde final, mais à en expliquer les causes.

Pourquoi la section de fonctionnement accuse-t-elle un trou de près d’un milliard ? Est-ce le résultat d’une baisse de la collecte des impôts locaux ? D’une explosion des dépenses ? D’une mauvaise anticipation ? Aucune réponse n’a été apportée.
En l’état, cet exercice de « reddition des comptes » ressemble davantage à une opération de validation politique qu’à un audit critique.