
Un document daté de 2025, attribué au Parti Démocratique Gabonais (PDG), a récemment fait surface, menaçant de sanctions juridiques des candidats transfuges. Ce courrier est le symptôme parfait de la « transhumance politique », un phénomène qui mine la confiance et redessine les alliances à l’approche de chaque scrutin.
La politique gabonaise est coutumière des retournements de veste et des changements d’allégeance. Mais rarement ce phénomène, connu sous le nom de « transhumance politique », n’a été illustré de manière aussi crue que dans un courrier qui circule actuellement.
Le document, signé par la Secrétaire Générale du PDG, Angélique Ngoma, et adressé à son homologue de l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), est une mise en garde en apparence cordiale mais au fond redoutable. Le courrier porte sur la situation des anciens militants du PDG, désormais candidats pour l’UDB aux prochaines élections.
Le PDG rappelle que toute démission doit être validée par un « Quitus à effet Libératoire d’Activité ». Un certificat qui prouve que le militant est libre de tout engagement. Sans ce sésame, et avec l’appuie sur un article du Code Électoral, le parti historique menace purement et simplement de faire annuler l’élection de ces « transfuges ».
Le « Quitus », une laisse politique

Cette lettre est un ballon d’essai ou une fuite stratégique et son contenu, lui, est bien réel dans l’esprit et les pratiques politiques.Au cœur de la manœuvre se trouve ce fameux « Quitus ». Il agit comme un véritable levier de contrôle.
Pour un parti comme le PDG, longtemps hégémonique, voir ses cadres et militants le quitter pour des formations concurrentes est une hémorragie qu’il cherche à endiguer par tous les moyens.

En conditionnant la « liberté » d’un militant à l’obtention d’un document qu’il est le seul à pouvoir délivrer, le PDG se dote d’une arme pour freiner, retarder, voire bloquer le départ de ceux qu’il considère comme des traîtres.
Ce mécanisme illustre une culture politique où la loyauté est perçue comme une allégeance quasi féodale. Quitter le parti n’est pas un choix démocratique, c’est une rupture de contrat moral et financier, comme le sous-entend le courrier.
Un phénomène au-delà des partis

La transhumance est un symptôme de systèmes où les partis peinent à se structurer autour de projets idéologiques clairs. Un système où la politique est souvent vue comme le chemin le plus court vers l’obtention d’un poste ou de ressources.
Les militants et cadres naviguent d’un parti à l’autre au gré des opportunités. Ils transforment le paysage politique en un vaste marché des transferts.
La réaction du PDG, telle que mise en scène dans ce document, est celle de l’acteur dominant qui refuse de voir son capital humain et électoral s’éroder.
Ce courrier met en lumière la précarité des convictions politiques, la brutalité des rapports de force et l’instrumentalisation des règles pour régler des comptes.