Violences sexuelles au Gabon : l’urgence d’une réponse ferme et coordonnée

Les sessions criminelles au Gabon révèlent une réalité glaçante : les affaires de viols occupent une part alarmante des dossiers examinés par les cours d’appel. À Libreville, près d’un tiers des affaires jugées en 2025 concernent des viols, souvent sur mineures. À Oyem, plus de la moitié des dossiers de la dernière session criminelle étaient de nature sexuelle. Dans plusieurs provinces, la tendance est identique.
Derrière ces chiffres se cache un phénomène aggravant : la protection des agresseurs par leur propre famille au nom du “linge sale à laver en famille”. Cette pratique retarde les plaintes, détruit les preuves et laisse les victimes sans soutien, tout en perpétuant un climat d’impunité.
La loi gabonaise, notamment la loi n°006/2021 sur l’élimination des violences faites aux femmes, punit le viol de 15 à 30 ans de réclusion criminelle, voire la perpétuité en cas de circonstances aggravantes (victime mineure, lien d’autorité, violence extrême, décès). Protéger un violeur ou faire pression sur une victime constitue également une infraction, passible de prison et d’amende.
Au-delà de la sévérité des peines, la lutte contre les violences sexuelles exige des poursuites systématiques, y compris contre les complices d’entrave à la justice ; un accès rapide aux soins et à la collecte de preuves dans les 72 heures suivant les faits ; la formation des policiers, magistrats et soignants à la prise en charge des victimes ; et des campagnes de sensibilisation pour briser le tabou du silence familial.
Tant que les familles privilégieront la réputation au détriment de la justice, les statistiques des sessions criminelles resteront dramatiques. Protéger la victime, c’est protéger la société toute entière. L’impunité nourrit la récidive ; la fermeté, accompagnée d’un véritable soutien aux survivantes, peut enfin inverser la tendance.



