« 100 jours d’annonces, zéro mot sur Mbanié » : Bilie-By-Nze accuse le régime Oligui Nguema de détourner l’attention

Au lendemain des festivités marquant à la fois les 100 premiers jours du mandat de Brice Clotaire Oligui Nguema comme président élu et le 65ᵉ anniversaire de l’indépendance du Gabon, la voix de l’opposition s’est à nouveau fait entendre. Le mardi 19 août, Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre et actuel leader du parti Ensemble pour le Gabon (EPG), a livré une déclaration au vitriol dans laquelle il interpelle le pouvoir en place sur sa cohérence, sa gestion et surtout son silence autour de la question sensible des frontières nationales et de l’île Mbanié.
Selon l’opposant, la séquence de communication orchestrée autour des célébrations et du discours présidentiel du 16 août ne vise qu’à dissimuler une réalité bien plus préoccupante. « Elle n’a pour but que de créer un écran de fumée destiné à faire oublier les scandales qui jalonnent les 100 premiers jours de gouvernance, ainsi que les difficultés sociales qui étranglent les populations », a-t-il martelé.
Bilie-By-Nze estime que derrière les annonces réformatrices, le nouveau régime s’inscrit en continuité avec l’ancien système : mêmes méthodes, mêmes contradictions, et peu de changements concrets dans l’organisation institutionnelle du pays. « Lorsque ce pouvoir prétend agir dans un sens, c’est souvent dans le sens contraire que se situent ses actions », a-t-il fustigé.
Le silence sur Mbanié, « une blessure nationale »
Mais c’est surtout le dossier des frontières qui concentre sa colère. Dans son discours à la Nation, Brice Clotaire Oligui Nguema a mis en avant la fierté nationale et rendu hommage aux pères fondateurs du Gabon. Or, selon Bilie-By-Nze, un point essentiel a été totalement passé sous silence : la décision récente de la Cour internationale de justice (CIJ) concernant le différend frontalier entre le Gabon et la Guinée équatoriale.
« Rien n’a été dit sur l’île Mbanié », a-t-il regretté, avant de rappeler que la question des localités de Mongomo et Ebebiyin, autrefois présentées par le gouvernement comme des “gains territoriaux”, reste elle aussi en suspens. « Quelle est la situation exacte après la décision de la CIJ ? Le peuple veut savoir. Et le silence ne pourra jamais effacer la blessure que représente la perte de Mbanié », a-t-il insisté.
Un discours qui met le régime face à ses angles morts
Au-delà des critiques habituelles de l’opposition, l’intervention de Bilie-By-Nze soulève une vraie interrogation : pourquoi ce mutisme sur une affaire aussi sensible que celle des frontières nationales ? Dans un pays où la souveraineté territoriale reste une question identitaire et symbolique, l’absence de clarification alimente frustrations et soupçons.
Le régime Oligui Nguema, qui s’est voulu porteur de rupture et de transparence, peine encore à démontrer cette différence promise. La communication massive autour des 100 premiers jours contraste avec le manque d’explications sur des sujets concrets : pouvoir d’achat, insécurité, emploi, et désormais territoire. Le risque pour le pouvoir est d’apparaître comme plus soucieux d’image que de vérité.
La critique de Bilie-By-Nze, certes politique, met donc le doigt sur un malaise réel : à force de repousser les clarifications et d’entretenir le flou, les autorités pourraient perdre la confiance d’une opinion publique déjà échaudée par des décennies de promesses non tenues.