Gabon : l’ONEP hausse le ton et menace de grève dans le secteur pétrolier

L’Organisation nationale des employés du secteur pétrolier (ONEP) sonne l’alarme. Dans une lettre adressée aux ministères du Pétrole et du Gaz ainsi qu’à celui du Travail, le syndicat prévient qu’une grève générale pourrait être déclenchée si les opérateurs ne respectent pas strictement les dispositions du Code du travail. Une menace qui pèse lourd sur un secteur vital pour l’économie nationale.
La sortie de l’ONEP s’inscrit dans le prolongement du discours du président Brice Clotaire Oligui Nguema, prononcé le 29 août 2025. À la veille du deuxième anniversaire de la « Libération nationale », le chef de l’État avait exigé l’application rigoureuse des textes encadrant les relations de travail, rappelant que la Constitution protège aussi bien les travailleurs gabonais que les étrangers en situation régulière.
Ces propos ont été bien accueillis par les salariés du secteur, mais l’ONEP estime qu’il est désormais temps de passer aux actes. « Cette déclaration doit se traduire en mesures concrètes », souligne le syndicat, qui place la responsabilité d’éventuelles perturbations sur les épaules des ministres concernés.
Des manquements dénoncés depuis longtemps
Dans sa correspondance, l’ONEP énumère plusieurs violations persistantes : non-respect du Code du travail, entorses à la loi 20/2007 sur la mise à disposition du personnel, manquements aux décrets encadrant l’emploi de la main-d’œuvre étrangère, et non-application des arrêtés réglementant l’activité sur les sites pétroliers.
Le syndicat rappelle avoir déjà interpellé, le 13 août dernier, la Commission du dialogue social dans les hydrocarbures. Trois semaines plus tard, aucune réponse n’a été apportée. Une inertie gouvernementale qui contribue, selon lui, à alimenter un climat social « explosif ».
Un enjeu économique critique
Pilier des finances publiques et première source de devises du pays, le pétrole demeure le moteur de l’économie gabonaise. Une grève généralisée dans ce secteur stratégique risquerait de provoquer un choc budgétaire immédiat, alors même que l’exécutif appelle à la rigueur et à la discipline dans la gestion des ressources.
Face à ce risque de paralysie, l’ONEP demande des « actions fortes », en cohérence avec les engagements présidentiels, afin de restaurer la confiance des travailleurs et de mettre fin à ce qu’il considère comme une tolérance excessive vis-à-vis des opérateurs récalcitrants.
Le bras de fer qui se profile sera un test grandeur nature pour la capacité du gouvernement à imposer le respect de la loi dans un secteur longtemps marqué par les passe-droits.