Un cambriolage pour le moins singulier a eu lieu à la Direction générale de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS). Selon nos informations, les intrus n’ont emporté qu’un seul objet : le disque dur d’un ordinateur contenant des données sensibles liées au fichier de paie des agents.
L’opération, survenue à la veille du traitement des salaires, pourrait avoir un impact direct sur les employés de la caisse. Dans un contexte déjà marqué par des tensions de trésorerie, ce vol risque d’aggraver le climat social. Le paiement des salaires pourrait connaître des retards, au moment même où les dépenses liées à la rentrée scolaire pèsent lourdement sur les familles.
Les circonstances de ce cambriolage interrogent : comment les auteurs ont-ils procédé ? Agissaient-ils seuls ou en bande organisée ? Bénéficiaient-ils de complicités internes ? Pour l’heure, ces questions restent sans réponse. Une plainte contre X devrait être déposée, selon une source proche de l’institution.
Des réformes sous pression
Au-delà des enjeux financiers immédiats, l’incident menace également de freiner les réformes engagées par la CNAMGS, en particulier celles portant sur les évacuations sanitaires (Evasan). Longtemps source de dérives et de pratiques opaques, ce dispositif est en cours de révision par l’équipe dirigée par Nadia Christelle Koye, mandatée par l’État pour assainir le système.
La réforme, qui vise à limiter les évacuations coûteuses vers l’étranger, se heurte à de fortes résistances. Les réseaux bénéficiant de l’ancien système voient d’un mauvais œil la fin des privilèges. Dans ce climat tendu, le cambriolage apparaît comme un facteur supplémentaire de fragilisation.
Une nouvelle stratégie pour les soins
La direction générale de la CNAMGS propose une approche plus rationnelle. Elle entend favoriser la venue de spécialistes au Gabon pour traiter localement les cas qui ne nécessitent pas d’évacuation, tout en assurant un transfert de compétences vers les praticiens locaux. Les avantages sont multiples : réduction des coûts, maintien des patients auprès de leurs familles, renforcement durable du système de santé national.
Parallèlement, la caisse plaide pour un investissement accru dans le plateau technique des hôpitaux du pays. L’acquisition d’équipements médicaux de pointe permettrait de limiter le recours à l’étranger et d’envisager, à terme, une position ambitieuse : transformer le Gabon d’exportateur de patients en destination de tourisme médical en Afrique centrale.
Le cambriolage de la CNAMGS ne peut être considéré comme un simple fait divers. Le ciblage précis d’un disque dur contenant des données stratégiques laisse penser à une opération méthodique, possiblement liée aux tensions internes et aux résistances aux réformes. Au-delà de l’impact immédiat sur le paiement des salaires, cet incident révèle la vulnérabilité d’une institution en pleine mutation. La réussite des réformes dépendra désormais de la capacité de l’État et de la direction de la CNAMGS à sécuriser leurs actions, à maintenir le cap malgré les pressions et à restaurer la confiance des salariés et des assurés.
