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De fleuron des Bongo à entreprise en faillite : la chute de Socoba

Selon des informations révélées par l’hebdomadaire satirique La Cigale Enchantée et relayées par le média Top Info Gabon ce lundi 21 septembre 2025, la Société de construction de bâtiments (Socoba EDTPL), autrefois pilier intouchable de l’empire économique de la famille Bongo, est aujourd’hui à l’agonie. La chute de ce géant du BTP, avec neuf mois de salaires impayés et des activités à l’arrêt, sonne comme le symbole de la fin d’un règne où les intérêts publics et privés se confondaient au sommet de l’État.

Les pancartes de colère que brandissent les employés au siège de l’entreprise, au Pont Nomba à Libreville, racontent une histoire que les chantiers abandonnés confirment, l’un des principaux instruments de la puissance du clan Bongo est au bord de la faillite.

La direction, que mène Jean-Claude Baloche, beau-fils de l’ex-famille régnante, reste murée dans un silence qui trahit son impuissance.

Ironiquement, le coup de grâce pour Socoba pourrait venir de l’entité qui a fait sa fortune, à savoir l’État gabonais.

L’entreprise ploie sous le poids d’une dette de l’État que des sources internes estiment à plus de 15 milliards de FCFA. Cette somme colossale, qui correspond à de nombreux chantiers réalisés, n’a jamais été honorée.

Pendant des décennies, sous le régime Bongo, Socoba était assurée de remporter les plus gros marchés publics d’infrastructures.

La construction de routes, de bâtiments administratifs ou de logements sociaux tombait systématiquement dans son escarcelle.

Cette position dominante était assurée par son appartenance à la nébuleuse Delta Synergie, la holding personnelle de la famille Bongo.

Celle-ci détenait 50 % des actions de Socoba, ce qui créait une situation de conflit d’intérêts où l’État, dirigé par le président, attribuait des contrats à une entreprise dont il était lui-même actionnaire.

L’arrivée d’un nouveau régime a brutalement changé la donne. Jadis protégée et prioritaire, Socoba est devenue une entreprise à la réputation sulfureuse.

Alors que le gouvernement a promis d’étudier des mécanismes de règlement de ses créances, les virements se font attendre.

Pendant ce temps, d’autres entreprises du secteur sont, elles, payées. Cette situation alimente les soupçons d’une marginalisation politique.

La crise actuelle révèle la fragilité d’un modèle économique qui ne reposait pas sur la compétitivité, mais sur les liens politiques.

Une fois cette connexion avec le pouvoir rompue, l’édifice s’est effondré et a laissé sur le carreau près de 800 employés et leurs familles. La chute de la maison Socoba est plus qu’une simple faillite.

Elle est le miroir de la fin d’une époque et un avertissement pour les nombreuses autres entités de l’ancien système, qui doivent désormais apprendre à survivre sans le patronage du palais présidentiel.

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