Société

Chronique d’un fiasco annoncé : la SEEG navigue à vue et plonge Libreville dans le noir

Le communiqué laconique de la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG), annonçant la prolongation des délestages à Libreville, est un chef-d’œuvre de communication de crise. Il informe sans rien dire et s’excuse sans prendre de responsabilité. Derrière l’excuse officielle de « contraintes techniques », se dessine le portrait d’une gestion défaillante où l’improvisation et le manque d’anticipation semblent être devenus la norme.

Ce debut de semaine, Arnaud BAOBE, le chargé de la communication de la SEEG, a donc annoncé que les travaux de raccordement de la centrale flottante de Karpowership, qui devaient initialement s’achever le 15 septembre, allaient se poursuivre « dans les meilleurs délais« . La raison ? La découverte soudaine de « contraintes techniques liées à la sécurité des équipements gaz« .

Arrêtons-nous sur ce point. Comment un projet d’une telle envergure, impliquant la connexion d’une unité de production de 150 mégawatts, peut-il buter sur des problèmes de sécurité gaz aussi tardivement ? Cette révélation de dernière minute est un aveu d’échec retentissant. Elle suggère que les études de faisabilité, les audits techniques et les analyses de risques n’ont pas été menés avec le sérieux requis. Découvrir un tel obstacle au moment du branchement final, c’est comme si un architecte réalisait, une fois les murs montés, que les fondations ne sont pas adaptées. C’est l’illustration parfaite d’un pilotage à vue.

Cette situation expose au grand jour une culture de l’impréparation. Le calendrier initial, fièrement annoncé avec une date butoir au 15 septembre, apparaît aujourd’hui pour ce qu’il était probablement, c’est-à-dire une annonce politique. Une promesse lancée pour calmer une population excédée par les coupures, sans aucune garantie technique solide pour la soutenir. Une fois de plus, les impératifs de communication ont primé sur la réalité du terrain, et une fois de plus, ce sont les usagers qui en paient le prix.

Ce « prolongement s’inscrit dans une longue et pénible tradition de projets énergétiques qui dérapent, de délais qui s’étirent et de promesses qui s’évaporent. La question de la responsabilité est donc inévitable. Qui est responsable de ce fiasco ? La SEEG, pour son incapacité à planifier ? L’opérateur Karpowership, pour d’éventuels manquements ? Les autorités de tutelle, pour leur manque de supervision ?

Le communiqué reste muet sur ce point, préférant se réfugier derrière un jargon technique et un appel à la « patience » des usagers.Les Librevillois ne sont pas plongés dans le noir par un imprévu, mais par les conséquences prévisibles d’un manque d’anticipation. Tant que la SEEG et ses partenaires continueront de gérer les infrastructures critiques du pays avec une telle légèreté, chaque communiqué annonçant la fin des problèmes ne sera que le prélude au prochain.

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