Politique

Législatives et locales : le mawashi geri de Ndong Sima à Moundounga

La tension est montée d’un cran au sommet de l’État ce vendredi 3 octobre 2025. L’ancien Premier ministre de la transition, Raymond Ndong Sima, a riposté avec une virulence rare aux accusations portées contre lui par le Vice-Président de la République, Séraphin Moundounga, dans un contexte électoral déjà électrique.

Le différend trouve sa source dans les élections législatives et locales du 27 septembre dernier. Suite à ce scrutin marqué par de nombreuses critiques et des accusations d’irrégularités massives de la part de l’opposition et de la société civile, Séraphin Moundounga avait publiquement attaqué Raymond Ndong Sima. Lundi, le Vice-Président avait accusé le président du parti l’Alliance Patriotique (AP) d’avoir eu un comportement « tribal » en n’investissant des candidats que dans sa province natale du Woleu-Ntem et lui avait reproché des « discours incitant à la haine et à la violence ». La réplique cinglante de Ndong Sima.

Comme il l’avait promis, Raymond Ndong Sima a livré une « réponse ordonnée » ce vendredi, qualifiant la sortie de son détracteur de « hasardeuse », « superficielle et opportuniste ». Visiblement piqué au vif, l’ancien chef du gouvernement a tenu à rappeler son rôle prépondérant lors des événements qui ont conduit à la chute d’Ali Bongo en 2023.

« Celui qui se monte le col désormais se prélassait je ne sais où dans le monde, et d’ailleurs avec quel argent ? » Séraphin Moundounga était en effet en exil en France depuis 2016, après avoir démissionné du gouvernement et dénoncé la réélection contestée d’Ali Bongo, et n’est rentré au Gabon qu’après le coup d’État du 30 août 2023. Poursuivant sa diatribe, Ndong Sima a opposé son engagement aux risques encourus à l’attitude de son accusateur. « Oui ! vous m’avez vu sur le terrain, pousser des coups de gueule, affronter la rue, parcourir le pays tout entier lorsque Ali Bongo commandait encore le pays. Mais pendant ce temps, où était Moundounga ? Il se la coulait douce. […] Pourtant je suis resté, à mes risques et périls ». Au-delà des personnes, la défense des principesRaymond Ndong Sima a insisté sur le fait que sa démarche ne visait pas à s’inscrire dans l’opposition au nouveau régime du président Brice Oligui Nguema, qu’il a servi en tant que Premier ministre de la transition de septembre 2023 à mai 2025. Il a présenté son discours comme un appel républicain au chef de l’État « pour qu’il ne s’accommode pas d’une forfaiture qui ternirait nécessairement son septennat ».

Cette guerre des mots entre deux figures majeures du pouvoir expose au grand jour les lignes de fracture au sein de la nouvelle élite dirigeante. Elle fragilise l’image d’unité affichée depuis la prise de pouvoir par les militaires et soulève des questions quant à la stabilité et la direction politique du pays à l’issue d’une transition qui se voulait exemplaire.

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