Gabon : le siège du Forum des services de renseignement du Golfe de Guinée inauguré à Libreville
Le Forum des Services de renseignement et de sécurité des pays membres de la Commission du Golfe de Guinée (FORSEG) dispose désormais d’un siège permanent à Libreville. L’inauguration officielle a eu lieu vendredi sous la présidence du chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, en présence des membres du gouvernement, des représentants diplomatiques et des directeurs généraux des services de renseignement et de sécurité des pays membres.
Créé en 2013 à Luanda, en Angola, le FORSEG est une plateforme de coordination entre les services de renseignement des pays du Golfe de Guinée. Son objectif : renforcer la coopération régionale face aux menaces multiples qui pèsent sur cet espace maritime stratégique, parmi lesquelles la piraterie, les trafics illicites, le terrorisme, le blanchiment d’argent ou encore les migrations irrégulières.
Le choix de Libreville pour abriter le siège du FORSEG illustre la volonté du Gabon de s’imposer comme un acteur central de la stabilité sous-régionale. Cette implantation s’inscrit dans le prolongement de l’architecture de Yaoundé, adoptée en juin 2023, qui encadre la coordination sécuritaire dans le Golfe de Guinée.
Un espace stratégique sous tension
Le Golfe de Guinée concentre aujourd’hui une part importante des ressources halieutiques et énergétiques du continent africain. Cette richesse attise les convoitises et rend la région vulnérable à des menaces transversales, souvent interconnectées. Selon les observateurs, la mutualisation du renseignement et la coordination entre États apparaissent désormais comme les leviers les plus efficaces pour endiguer les activités criminelles transnationales.
Les États membres du FORSEG, notamment l’Angola, le Cameroun, le Gabon, la Guinée équatoriale, le Nigeria, Sao Tomé-et-Principe et la République démocratique du Congo, partagent tous une façade maritime ou des intérêts stratégiques dans cette zone. L’installation du siège à Libreville devrait faciliter la circulation de l’information, la mise en place d’opérations conjointes et la formation continue des personnels spécialisés.
Le Gabon en première ligne de la coopération régionaleDans un communiqué, la présidence de la République gabonaise a salué une « avancée significative dans la structuration de la coopération sécuritaire régionale », soulignant que la mise en place d’un siège permanent « témoigne de l’engagement du Gabon, actuel président du FORSEG, à œuvrer pour un mécanisme opérationnel de concertation, de coordination et de partage d’informations entre les services concernés ».
Libreville ambitionne ainsi de devenir une plateforme régionale du renseignement et de la sécurité maritime, capable de soutenir les politiques de prévention, de surveillance et de réaction face aux menaces émergentes.
Une diplomatie du renseignement au service de la stabilité régionale
L’installation du FORSEG à Libreville traduit un repositionnement stratégique du Gabon sur l’échiquier régional. En devenant le centre névralgique du renseignement du Golfe de Guinée, le pays renforce non seulement sa stature diplomatique mais aussi son rôle d’interface entre les forces régionales et les partenaires internationaux de sécurité.
Ce choix n’est pas anodin : il s’inscrit dans une logique de sécurisation des voies maritimes et de prévention des risques asymétriques. À l’heure où les enjeux du Golfe de Guinée dépassent la seule question de la piraterie pour englober les trafics d’armes, la cybercriminalité ou la pêche illégale, la mise en réseau des services de renseignement devient un instrument essentiel de souveraineté collective.
Si le FORSEG parvient à traduire sa vision en actions concrètes et coordonnées, Libreville pourrait devenir, dans les prochaines années, l’un des pôles majeurs de la sécurité maritime et du renseignement en Afrique centrale et occidentale.
