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Le PDG : un opposant sur mesure pour le nouveau pouvoir

Moins de deux ans après avoir été chassé du pouvoir, l’ancien parti unique, le Parti Démocratique Gabonais (PDG), s’est imposé comme la deuxième force politique du pays. Loin d’être un simple retour en grâce, cette résurrection pourrait être le fruit d’un calcul stratégique orchestré au sommet de l’État, visant à façonner une opposition « idéale » : familière, prévisible et surtout, contrôlable.

Le verdict des urnes a surpris plus d’un observateur. Alors que l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), le parti de Brice Clotaire Oligui Nguema, a logiquement remporté une majorité confortable, c’est le nom de son dauphin qui interpelle.

Le Parti Démocratique Gabonais (PDG), dont le régime a été renversé en août 2023 sous les acclamations populaires, a non seulement survécu au séisme politique, mais il a raflé des sièges clés pour s’installer comme le principal groupe d’opposition à l’Assemblée nationale.

Pour plusieurs analystes de la scène gabonaise, ce résultat n’est pas le fruit du hasard mais d’une entente tacite, d’un « pacte de non-agression » mutuellement bénéfique entre le nouveau pouvoir et l’ancien.

L’art de choisir son adversaire

Pour le général Oligui Nguema et son jeune parti, l’UDB, l’équation était complexe, asseoir une légitimité démocratique tout en maîtrisant le jeu politique.

Face à eux, une option évidente, celle du PDG, un géant affaibli, sonné, mais dont les rouages et les acteurs sont parfaitement connus du nouveau pouvoir, lui-même issu en grande partie de l’ancien système.

« Le PDG est un adversaire connu. Ses cadres sont des hommes du système. En les laissant survivre, le pouvoir s’assure une opposition institutionnelle, qui jouera le jeu du parlementarisme sans jamais remettre en cause les fondements du nouvel ordre.

C’est un opposant qui ne mordra pas la main qui l’a laissé en vie », confie Alexendre Nguema, un observateur de la vie politique.

Cette stratégie aurait permis d’écarter les figures de l’opposition traditionnelle, jugées plus imprévisibles et moins enclines au compromis, à l’exemple d’Alain Claude Bilie By Nzé.

Avec le duel UDB-PDG, le paysage politique se recompose autour de deux forces issues du même moule, marginalisant de fait les voix dissonantes.

La survie avant tout : la doctrine du PDG post-2023

Du côté du PDG, la posture a été claire dès les premières heures suivant le coup d’État. Menacé de dissolution et conspué par la rue, le parti a rapidement adopté une stratégie de survie.

Il a apporté son soutien au Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) et a même appuyé officiellement la candidature du général Oligui Nguema à la présidentielle d’avril 2025.

« C’était un calcul pragmatique, le PDG est dans LR du temps », analyse un ancien cadre du parti. « Nous étions face à un choix : la confrontation et la disparition, ou l’allégeance et la survie. Nous avons choisi de survivre, de préserver l’appareil et de nous positionner comme un partenaire responsable de la transition. »

Cette posture a payé. Le parti a non seulement évité la dissolution, mais il a pu se présenter aux élections avec ses propres couleurs.

Des retraits de candidatures de l’UDB dans certaines circonscriptions stratégiques, facilitant l’élection de barons du PDG comme Blaise Louembé à Koulamoutou ou angélique Ngoma à Mayumba, sont vus par beaucoup comme la preuve matérielle de cet accord tacite.

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