Le climat social se dégrade davantage au sein de l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (AGASA). En grève depuis le début du mois d’octobre, les agents de cette structure, soutenus par le Syndicat national des travailleurs de l’agriculture (SYNATA), dénoncent leurs conditions de travail et pointent du doigt la gestion jugée autoritaire de la direction générale. Dans ce contexte tendu, la hiérarchie a décidé de sévir en suspendant plusieurs cadres, parmi lesquels deux directeurs, tandis que trois autres agents ont été renvoyés vers leur administration d’origine.
D’après des sources concordantes au sein de l’agence, le directeur général, Jean Delors Biyogue Bi Ntougou, a suspendu le Directeur sanitaire halieutique ainsi que le Directeur de l’inspection et des contrôles sanitaires et phytosanitaires. Ces derniers auraient été identifiés comme des figures actives du mouvement de protestation interne, qualifié d’« illégal » par la direction. Selon cette dernière, la participation de responsables à une grève contrevient aux règles internes encadrant le fonctionnement de l’AGASA. Par ailleurs, trois agents issus du ministère de l’Agriculture ont été rappelés à leur administration d’attache.
La direction justifie ces décisions par le respect des textes en vigueur, précisant que les cadres dirigeants sont soumis à une obligation de neutralité et ne peuvent s’associer à des mouvements syndicaux. Des images montrant les deux directeurs lors d’un rassemblement devant le siège de l’agence, tenant des propos critiques envers la direction générale, auraient servi de fondement aux sanctions annoncées le 15 octobre 2025.
Du côté des partenaires sociaux, ces mesures sont jugées abusives et contraires aux procédures disciplinaires prévues par la réglementation interne. Le SYNATA estime que la direction a agi de manière unilatérale, sans consultation des instances compétentes, ce qui constituerait une violation du droit du travail. Pour le syndicat, ces suspensions illustrent une stratégie d’intimidation visant à étouffer le mouvement de grève plutôt qu’à apaiser les tensions.
Une note de service datée du 6 octobre atteste du renvoi des trois fonctionnaires concernés. Quant à la suspension des deux directeurs, elle marque une nouvelle escalade dans une crise sociale qui continue de fragiliser l’AGASA, où le dialogue entre les agents et la direction semble désormais rompu.
