Gabon : les fonctionnaires haussent le ton face à un gouvernement jugé immobile

La grogne sociale enfle au sein de la fonction publique gabonaise. Réunie en point de presse ce 28 novembre 2025, la Coalition des Syndicats des Agents de l’Administration Publique (COSAAP) a lancé un avertissement direct aux autorités. Entre accusations d’abandon, dossiers administratifs en souffrance et flambée du coût de la vie, les syndicats disent être arrivés au point de rupture et brandissent désormais la menace d’une action d’envergure si leurs revendications restent lettre morte.
« Qui ne dit mot consent » : la fin du silence des agents publics. Face aux partenaires sociaux et à des militants mobilisés, la COSAAP a rappelé que le mutisme des travailleurs ne saurait être interprété comme une résignation. Pour la Coalition, l’heure n’est plus à la patience. Elle s’est dite sidérée par les scènes observées ces dernières semaines au Palais de justice, mais surtout par ce qu’elle décrit comme un immobilisme total du gouvernement sur les préoccupations sociales.
Parmi ces urgences, le gel des situations administratives depuis 2014 demeure l’un des points de crispation majeurs. « Rien n’a été réglé en plus de dix ans », a martelé un représentant syndical, soulignant l’exaspération des agents laissés dans l’incertitude.
La COSAAP rappelle qu’après le 30 août 2023, de nombreux fonctionnaires avaient placé de grands espoirs dans la transition, espérant une rupture nette avec les pratiques antérieures. Les annonces du CTRI, allant des travaux urgents à la récupération des fonds publics détournés, semblaient augurer un nouveau départ.
Mais la Coalition estime aujourd’hui que la Ve République a reproduit les défauts de l’ancien système : mesures impopulaires, inertie administrative et absence de perspectives pour les travailleurs. Un constat amer pour ceux qui pensaient voir s’ouvrir une ère de justice sociale et de réformes profondes.
Vie chère et services publics à bout de souffle
Le discours syndical a également mis en lumière la détérioration continue des conditions de vie : hausse généralisée des prix alimentaires, factures d’eau et d’électricité jugées exorbitantes, transports de plus en plus coûteux. « Tout augmente sauf les salaires ! » a dénoncé la Coalition, accusant l’État de se montrer indifférent aux difficultés quotidiennes des ménages.
Les syndicats dénoncent en outre la persistance de détournements de fonds publics et un train de vie de l’État qu’ils jugent déconnecté de la réalité sociale du pays.Un ultimatum qui ne laisse aucune place au douteLa COSAAP demande l’application immédiate des engagements pris devant elle, en particulier la régularisation des situations administratives avec rappel financier, telle que consignée dans le cahier des charges remis au Vice-Président du Gouvernement le 16 octobre 2025.
Sans réponse rapide, la Coalition prévient : elle se réserve désormais le droit de recourir à ce qu’elle appelle son « arme fatidique », notamment la grève et le blocage des services et administrations. Un message clair envoyé à un exécutif qui doit désormais mesurer l’ampleur du malaise social au sein de l’administration publique, à l’heure où les tensions se multiplient dans plusieurs secteurs de l’État.



