

Comment piller un ministère au Gabon ? Nul besoin d’être un génie du crime. La porte est déjà ouverte. La facilité avec laquelle on cambriole ou incendie les institutions est déconcertante.La sécurité de l’État est une fiction. Les bâtiments publics sont des passoires, organisées pour le pillage.
Caméras en panne, alarmes muettes, gardiens sous-payés et livrés à eux-mêmes : l’abandon est total et systémique.
C’est le premier maillon d’une chaîne de complicité. Un vigile, qui a surveillé plusieurs de ces sites « sensibles », le confirme sous anonymat :«
Notre travail, c’est de la figuration. On nous paie une misère et on nous demande de ne rien voir. Franchement, si quelqu’un veut entrer, il entre. »
Négligence ou stratégie ? Pour un consultant en sécurité ayant audité ces administrations, la réponse est limpide.

« C’est un système organisé. Les contrats de sécurité sont donnés aux copains, personne ne contrôle. Une sécurité défaillante n’est pas un accident, c’est une assurance-vie ».
Elle offre le coupable idéal, le « cambrioleur inconnu », et protège les véritables responsables qui sont à l’intérieur. »Ajoutez à cette défaillance un archaïsme volontairement entretenu.
À l’ère du numérique, les archives vitales et les dossiers financiers restent des montagnes de papier hautement inflammables, attendant patiemment l’allumette providentielle.

La question n’est donc plus « qui met le feu ? », mais « qui laisse la porte ouverte et la boîte d’allumettes à disposition ? ».
Avec toutes ces failles de sécurité, l’État gabonais organise sa propre spoliation et se rend complice de l’effacement de ses propres crimes.



