AGASA : un préavis de grève déposé par le SYNATA pour protester contre une gestion jugée arbitraire

L’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (AGASA) est secouée par une nouvelle crise sociale. Le 22 juillet 2025, le Syndicat national des travailleurs de l’AGASA (SYNATA) a officiellement transmis un préavis de grève générale illimitée sur l’ensemble du territoire. Cette décision, prise lors d’une assemblée générale extraordinaire tenue six jours plus tôt, fait suite à plusieurs dénonciations formulées à l’encontre de la direction, accusée de multiples entorses aux règles statutaires de l’établissement.
Dans un courrier adressé au directeur général, Dr Jean Delors Biyogue Bi Ntougou, les représentants syndicaux pointent une gestion qu’ils estiment contraire aux normes internes. Ils critiquent notamment une série de décisions qualifiées d’« arbitraires » et de « déconnectées des exigences réglementaires », malgré les déclarations répétées du directeur affirmant agir dans le respect des procédures et pour l’intérêt de l’agence.
Une gestion décriée et des décisions contestées
Au cœur de la colère syndicale figure la nomination d’une secrétaire, présentée comme proche du directeur général, à un poste de chef de bureau. Une décision que le SYNATA juge inappropriée, surtout dans un contexte de fragilités techniques et structurelles au sein de l’agence. D’autres affectations jugées tout aussi arbitraires sont également visées, faute d’avoir respecté les règles internes ou des critères professionnels clairs.Selon le syndicat, cette dérive dans la gestion, amorcée depuis 2019, trouve son origine dans le non-respect des textes fondateurs de l’AGASA.
Le SYNATA demande par ailleurs l’annulation immédiate de deux décisions administratives précises, jugées irrégulières : la décision n°00004/MAEDR/AGASA-DG en date du 14 mai 2025 et la note n°000629/MAEDR/SG/DG-AGASA datée du 11 juillet 2025.
Le préavis déposé s’appuie notamment sur les articles 379, 383, 389 et 390 du Code du travail en vigueur en République gabonaise. Il égrène une liste de revendications que le syndicat juge prioritaires pour restaurer un climat de travail apaisé : le respect des textes légaux et règlementaires encadrant le fonctionnement de l’agence ; l’application rigoureuse des procédures de recrutement ; le respect des contrats de travail et des droits déjà acquis ; le versement des cotisations sociales (CNSS et CNAMGS) ; la signature des avenants aux contrats depuis l’entrée en vigueur des nouveaux accords collectifs d’établissement ; le règlement de la dette sociale envers les agents ; la cessation des entraves à l’activité syndicale ; la mise en place effective d’un médecin du travail ; l’élaboration d’un véritable plan de carrière pour l’ensemble des personnels, contractuels comme fonctionnaires et la certification des comptes de l’agence par un cabinet externe indépendant.
Un appel au dialogue pour éviter une paralysie
Dans sa correspondance, le SYNATA rappelle que le Code du travail prévoit un délai de dix jours ouvrables pour engager une médiation entre les parties avant l’entrée en grève. Le syndicat affirme rester ouvert à des discussions franches et souhaite l’implication de tous les acteurs concernés : ministère de tutelle, Conseil d’administration, direction générale et représentants du personnel.
Il alerte également sur la non-application du décret n°0190/PR/MAEPSA du 21 mai 2014, portant approbation des statuts de l’agence, qu’il identifie comme le point de départ des dysfonctionnements actuels.
Si aucune solution n’émerge d’ici la fin du délai légal, la grève débutera le vendredi 1er août 2025. Un service minimum correspondant à 40 % de l’activité sera néanmoins assuré pour préserver les fonctions vitales de l’agence, notamment en matière de sécurité alimentaire.
Déterminé mais prudent, le SYNATA appelle les responsables à la lucidité et à la responsabilité afin d’éviter un conflit prolongé aux conséquences lourdes pour le fonctionnement de l’AGASA et, par ricochet, pour la santé publique nationale. Le compte à rebours est enclenché.