

Les mémoires sont encore vives de l’image d’Ali Bongo Ondimba au pupitre, leader tout-puissant d’un Parti Démocratique Gabonais (PDG) à sa main. Aujourd’hui, en appelant depuis l’étranger à voter pour des candidats qu’il n’a pas choisis, l’ex-président ne fait que mettre en scène son influence perdue.
Il y a l’image du passé, et la réalité du présent. Le passé, c’est celui d’un chef d’État dont la parole était loi au sein de son parti, capable de faire et défaire les carrières sur un simple mot.
Le présent, c’est celui d’un homme politiquement marginalisé, qui assiste de loin à la guerre de succession qui déchire sa famille politique.
Le point de rupture est là, dans cet appel paradoxal à soutenir des candidats investis par la direction « officielle » du PDG, menée par le tandem Blaise Louembé et Angélique Ngoma, qui conteste son autorité.

Son propre poulain, Ali Akbar Onanga Y’Obegue, a perdu la bataille cruciale des investitures. La faction loyaliste a été mise devant le fait accompli.
Plutôt que le boycott ou la scission, qui équivaudrait à un suicide politique, le clan Bongo a choisi le repli tactique.
La manœuvre est un aveu de faiblesse transformé en stratégie de survie. Le mot d’ordre, résumé par Onanga Y’Obegue, est de « sauver l’institution ».

En d’autres termes, il dit « nous avons perdu cette bataille, mais ne sabordons pas le navire » (ndlr).
L’objectif est de préserver un groupe parlementaire PDG, quitte à en reprendre le contrôle de l’intérieur, plus tard.
Cet appel n’est donc pas celui d’un leader en pleine maîtrise, mais celui d’un stratège aux abois.

C’est le dernier carré d’un chef qui n’a plus d’armée mais espère encore peser sur l’issue de la guerre.
L’Ali Bongo d’hier se battait pour le pouvoir ; celui d’aujourd’hui se bat pour sa simple pertinence politique, dans le long crépuscule de son règne.