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Gabon : police de proximité, à quand sa mise en place ?

Hier encore, Libreville a été secouée par deux drames évitables : deux personnes ont été fauchées par des véhicules dont les conducteurs ont pris la fuite. Une tragédie de plus dans un contexte de recrudescence des agressions, des incivilités et d’une insécurité rampante. Pendant que les victimes s’empilent et que la peur gagne du terrain, la question est sur toutes les lèvres : où est la police de proximité, celle qui aurait pu empêcher ou au moins limiter ces drames ? À quand sa mise en place effective au Gabon ?

Dans un pays où les actes de violence urbaine se banalisent, la nécessité d’une police de proximité n’est plus à démontrer. Ce modèle, qui vise à rapprocher les forces de l’ordre des citoyens, repose sur la présence physique continue dans les quartiers, l’écoute, la prévention et l’intervention rapide. Contrairement à l’approche actuelle trop distante et souvent perçue comme répressive, une police de proximité permettrait de renforcer la sécurité au quotidien et de recréer un lien de confiance entre la population et ceux censés la protéger.

Les avantages d’une telle réforme sont multiples. D’abord, la dissuasion : la simple présence régulière d’agents bien identifiés sur le terrain est un frein naturel aux agressions et aux délits de rue. Ensuite, l’efficacité : en connaissant mieux le terrain et ses habitants, les forces de l’ordre peuvent anticiper les tensions et agir rapidement en cas d’accidents, comme ceux tragiques d’hier. Enfin, il s’agit d’une démarche qui modernise l’image de la police en la réconciliant avec sa vraie mission : servir, protéger et rassurer, plutôt que punir ou intimider.

Le paradoxe gabonais est d’autant plus frappant que le pays dispose de ressources humaines considérables. Avec environ 20 000 agents de défense et de sécurité pour 2,3 millions d’habitants, le Gabon possède un ratio supérieur à beaucoup d’États comparables. Mais faute d’une stratégie d’affectation intelligente, ces forces sont sous-utilisées. Plutôt que de rester cantonnées dans des casernes ou affectées à des tâches militaires dans un pays en paix, une partie de ces effectifs pourrait être réaffectée à la sécurisation active des rues, après une formation adaptée au travail de proximité et au respect des droits civiques.

La vraie question aujourd’hui n’est donc plus de savoir si le Gabon peut se doter d’une police de proximité, mais s’il en a enfin la volonté politique. Chaque jour de retard expose davantage de Gabonais à des agressions, à des drames, à une insécurité devenue quotidienne. Les discours ne suffisent plus : la protection des citoyens doit cesser d’être une promesse creuse pour devenir une réalité palpable.

La sécurité n’attend pas. Le Gabon dispose des hommes, il lui manque le courage d’agir. Faute d’une décision rapide, les rues continueront d’être le théâtre du pire : des vies fauchées, des crimes impunis, une population résignée. La police de proximité n’est pas un luxe, c’est une urgence nationale. À ceux qui gouvernent : le temps des slogans est terminé. Le pays a besoin d’actions, pas de promesses.

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