Énergie : 2000 milliards de FCFA face à la réalité de la dette

L’annonce de mobiliser 2000 milliards de francs CFA par an pendant sept ans pour sortir le Gabon de la crise énergétique et hydraulique est audacieuse.
Si l’ambition est à la hauteur de l’urgence vécue par la population, sa faisabilité économique se heurte à une équation budgétaire et financière particulièrement complexe.
Le chiffre avancé par le gouvernement, via le nouveau Fonds national pour l’énergie et l’eau (FNEE), représente un effort inédit pour l’économie gabonaise.
À titre de comparaison, ce montant annuel équivaut à près de la moitié du budget total de l’État pour 2025, fixé à 4204,9 milliards de francs CFA.
Cet ordre de grandeur questionne la capacité du pays à dégager de telles marges de manœuvre sans compromettre les autres secteurs essentiels et sa stabilité macroéconomique.

Le principal obstacle à ce financement massif est le poids de la dette publique. Selon les projections du propre Cadrage macroéconomique du gouvernement pour 2026-2028, le ratio dette/PIB devrait bondir et passé de 44 % en 2025 à 72,6 % en 2027.
Une projection qui dépasse le seuil prudentiel de 70 % fixé par la CEMAC.Cette trajectoire ascendante inquiète les partenaires financiers internationaux.
Dans une note de conjoncture publiée en juin 2025, la Banque mondiale a souligné la détérioration de la situation budgétaire du pays, avec une baisse des recettes pétrolières et l’augmentation des dépenses publiques qui aggravent les risques budgétaires et d’endettement.

Dans ce contexte, les leviers de mobilisation de fonds sont limités. Le gouvernement devra probablement se tourner vers un endettement extérieur accru.
L’efficacité du FNEE dépendra donc de la capacité de l’État à rassurer ses créanciers sur la soutenabilité de sa dette et la rentabilité des investissements prévus.