Gabon : Oligui Nguema prépare une délégation de sa signature présidentielle

À Libreville, une décision suscite déjà des débats. Le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, envisage de déléguer sa signature afin de ne plus être le seul à authentifier les documents engageant directement son autorité. Lundi 8 septembre, le Conseil des ministres qu’il a présidé a adopté un projet de décret en ce sens.Selon le communiqué officiel, cette mesure vise à « fluidifier l’action administrative et garantir la continuité de l’État dans le respect des principes constitutionnels ».
Le chef de l’État pourrait ainsi confier ce pouvoir soit au vice-président de la République, soit au vice-président du gouvernement, soit encore à une autre haute autorité administrative.
Un précédent encore dans les mémoires
L’annonce intervient dans un contexte où certains Gabonais gardent à l’esprit les soupçons d’usurpation de signature qui avaient entouré l’ex-première dame Sylvia Bongo Ondimba, lorsque son époux, alors président, traversait une période de convalescence. Au Palais du bord de mer, l’entourage du président insiste toutefois sur l’absence de risque juridique et assure que la démarche est strictement encadrée par la loi.
Une pratique loin d’être inédite
La délégation de signature présidentielle n’est pas propre au Gabon. Elle existe dans d’autres pays, notamment au Cameroun où Paul Biya avait, en 2019, confié une délégation permanente à son ministre d’État, secrétaire général de la présidence. Dans le cas d’Oligui Nguema, les observateurs s’attendent à une délégation ponctuelle et révocable.
« Il s’agit d’un acte administratif par lequel le président charge une autorité subordonnée de signer certains documents en son nom, tout en restant le seul responsable », explique un universitaire spécialiste en géopolitique. Une telle disposition, ajoute-t-il, permet de décharger le chef de l’État de tâches matérielles et d’assurer la régularité de l’action publique, surtout en cas d’absence ou de surcharge de travail.
Si certains saluent une mesure pragmatique qui pourrait accélérer le traitement des dossiers administratifs, d’autres redoutent les risques d’interprétation ou d’abus. Mais au sommet de l’État, le message reste clair : il s’agit d’un outil destiné à améliorer la gouvernance, et non d’un affaiblissement de la fonction présidentielle.