

Dans un geste qui redessine le paysage des télécoms au Gabon, les concurrents historiques Airtel et Moov Africa ont signé un accord stratégique pour partager leurs infrastructures. Cette alliance est une réponse pragmatique à un environnement économique où la maîtrise des coûts est devenue un impératif pour la survie et la croissance.
Le déploiement et la maintenance d’infrastructures, notamment les pylônes et stations de base, représentent des investissements colossaux. Dans un marché concurrentiel, la duplication de ces installations à l’identique constitue un non-sens financier.
En mutualisant leurs actifs, Airtel et Moov peuvent obtenir une réduction drastique de leurs dépenses d’investissement (CAPEX) et de leurs frais de fonctionnement (OPEX).
Ces économies libéreront des capitaux essentiels pour des projets plus innovants, comme la modernisation des réseaux et la préparation au déploiement de la 5G, une technologie qui exige une forte densité d’antennes.

Cet accord inaugure une ère de « coopétition » : les deux entreprises coopèrent sur le terrain de l’infrastructure pour mieux se concurrencer sur celui des services, des tarifs et de l’expérience client.
De fait, cette entente consolide leur duopole et dresse une barrière à l’entrée encore plus haute pour un éventuel nouvel acteur.
Le rôle du régulateur, l’ARCEP, sera donc crucial pour s’assurer que cette alliance ne freine pas la concurrence au détriment du consommateur.
L’initiative gabonaise n’est pas un cas isolé. Elle suit une tendance continentale où le partage d’infrastructures devient la norme.

La maison mère d’Airtel a déjà conclu des pactes similaires au Nigeria, en Ouganda ou en RDC. Cela démontre une stratégie de rationalisation à grande échelle.
Au final, cet accord acte que l’ère de la concurrence frontale sur les infrastructures est révolue. Pour les deux rivaux, s’allier aujourd’hui est le meilleur moyen de garantir qu’ils seront tous deux là pour se concurrencer demain.