Société

CNAMGS : la directrice générale Nadia Christelle Koye conteste sa suspension et dénonce un « abus de pouvoir »

Un nouvel épisode de tension secoue la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS). Dans une correspondance adressée ce 6 octobre 2025 au Président du Conseil d’administration (PCA), la Directrice générale, Nadia Christelle Koye, a vivement contesté la décision de suspension prononcée à son encontre, la qualifiant de « non conforme au principe de légalité » et d’« abus de pouvoir ».

Dans sa note, la Directrice générale affirme avoir été suspendue « à titre personnel » par le Président du Conseil d’administration. Elle dénonce une décision unilatérale, prise sans consultation du Conseil d’administration, alors même que, selon elle, seul l’organe collégial dispose du pouvoir de suspendre un Directeur général nommé par lui.

« Un seul administrateur, fût-il le PCA, ne peut unilatéralement et abusivement décider de la suspension du Directeur général », écrit-elle. Elle soutient que toute mesure de cette nature devrait découler d’un audit préalable ou d’un Conseil d’administration extraordinaire, afin d’en garantir la neutralité et la légalité.

Le rappel au principe de légalité

S’appuyant sur la vision du président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, qu’elle décrit comme promoteur du respect de la légalité et de la bonne gouvernance dans la Ve République, Nadia Christelle Koye affirme que la décision la visant s’écarte de ce cadre.

Elle invoque également le principe du contradictoire, selon lequel toute personne mise en cause doit avoir la possibilité de se défendre avant qu’une sanction ne soit prononcée. « Pourquoi n’ai-je pas eu l’opportunité de me défendre pour apporter ma part de vérité conformément à la Constitution ? », s’interroge-t-elle, ajoutant que le Conseil d’administration n’a jamais officiellement été saisi des griefs portés contre elle.

Des tensions internes mises en lumière

La Directrice générale met en cause le comportement du PCA, qu’elle accuse de s’immiscer dans le fonctionnement opérationnel de la CNAMGS. Elle évoque un climat social « délétère » accentué par des « errements » répétés, qu’elle dit avoir tolérés pour préserver la stabilité de l’institution.

Allant plus loin, elle estime que cette suspension n’est que la conséquence de pressions permanentes exercées sur elle dans le cadre de ses fonctions.

Une possible bataille judiciaire

Nadia Christelle Koye indique qu’elle se réserve le droit d’engager des procédures judiciaires contre ce qu’elle qualifie d’« abus de pouvoir ». Elle affirme ne pas reconnaître la validité de cette suspension « qui fait honte à la Ve République » et reste, selon elle, sans effet juridique tant qu’elle n’a pas été entérinée par le Conseil d’administration.

Un bras de fer symptomatique d’une crise institutionnelle

Cette affaire met en lumière une fracture institutionnelle au sein de la CNAMGS, entre le Conseil d’administration et sa direction exécutive. Elle illustre les zones d’ombre juridiques qui persistent dans la gouvernance de certaines entreprises publiques gabonaises, où les prérogatives du PCA et celles du Directeur général se chevauchent souvent, faute de clarification des textes ou de respect des procédures.

L’argumentation juridique de Nadia Christelle Koye repose sur le principe de collégialité du Conseil d’administration, un point difficile à contester si les statuts de la CNAMGS n’ont pas prévu de délégation explicite au Président. En revanche, il faudra déterminer si la suspension, même conservatoire, pouvait être décidée dans un contexte d’urgence ou de dysfonctionnement interne, ce que seul un examen statutaire précis permettra de trancher.

Au-delà du cas individuel, cette controverse relance le débat sur la nécessité de renforcer la gouvernance et la transparence dans les grandes institutions publiques gabonaises, à l’heure où les autorités affichent la volonté de moraliser la gestion et de restaurer la confiance des citoyens dans le service public.

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