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Déguerpissements à Libreville : le gouvernement évoque un passif urbain « hérité », les sinistrés dénoncent une méthode brutale

Depuis le dimanche 2 juin, plusieurs habitations et commerces du quartier Plaine-Orety, dans le 1er arrondissement de Libreville, sont méthodiquement détruits dans le cadre d’une opération de libération foncière. Supervisée par le Génie militaire avec l’appui des forces de sécurité, l’action vise à dégager les emprises de futurs chantiers structurants, dont un boulevard dit « de la Transition », une cité administrative, et un bassin de rétention à Sainte-Marie-Awondault.

Sur le terrain, les images de bulldozers en action et de familles tentant de sauver quelques biens ont provoqué de vives réactions. Certaines personnes disent avoir été prises de court, tandis que d’autres s’interrogent sur la légitimité et l’humanité d’une telle intervention. Le gouvernement, lui, défend un projet d’aménagement jugé vital pour désengorger la capitale, prévenir les inondations et offrir un cadre urbain mieux structuré.

Lors d’une sortie médiatique le mercredi 5 juin, la porte-parole du gouvernement Laurence Ndong, a tenu à replacer cette opération dans un contexte plus large. Elle a affirmé que ces décisions résultent d’un « héritage commun » lié à des décennies de désordre urbanistique et d’absence de planification rigoureuse. « Ces situations sont la conséquence d’un long passé de gestion irrationnelle du foncier, que nous tentons désormais de corriger », a-t-elle déclaré.

Du côté des habitants affectés, le message passe mal. Beaucoup dénoncent l’absence de concertation, le manque de préavis réel, ou encore l’opacité autour des indemnisations. Un chauffeur de taxi, dont le frère a vu sa maison rasée, résume un sentiment partagé : « On nous parle de changement, de République nouvelle, mais on se réveille un matin avec des militaires qui vous expulsent sans explication. Ce n’est pas ça, la justice sociale. ».

Les autorités assurent pourtant que des campagnes de sensibilisation avaient été engagées bien en amont et que le domaine concerné appartient légalement à l’État. Selon les services techniques, une démarche d’indemnisation progressive avait été enclenchée.

Face aux critiques, le gouvernement dit prendre acte du malaise exprimé dans l’opinion. Il rappelle toutefois que la ville de Libreville, comme d’autres capitales africaines, ne pourra se moderniser sans des choix parfois difficiles. « Nous veillons au respect des droits, mais il faut comprendre que ces projets sont pensés pour le bien commun », insiste une source proche du dossier.

Alors que les engins poursuivent leur progression, une question demeure : comment concilier développement urbain et respect de la dignité des citoyens ?

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