Le Paradoxe bancaire : bonjour les liquidités, au revoir les prêts


Le système bancaire gabonais fait face à un paradoxe frappant. Au premier trimestre 2025, les banques affichaient des bilans solides et des excédents de trésorerie en hausse spectaculaire. Pourtant, dans le même temps, le robinet du crédit à l’économie s’est dangereusement resserré, pénalisant la croissance. La raison principale, la hantise des impayés.
Les chiffres officiels du premier trimestre 2025 sont éloquents. L’excédent de trésorerie du secteur a bondi de 47,3 % en un trimestre, nourri par une forte hausse des dépôts.
Malgré cette abondance de ressources, la distribution globale de crédits a chuté de 13 %. Plus inquiétant encore, les financements destinés au secteur privé, moteur de l’emploi, ont reculé de 1,7 %.

L’explication de cette frilosité est à chercher dans la qualité des actifs bancaires. Les créances en souffrance, ces prêts dont le remboursement est incertain, continuent de grimper, passant ainsi de +4,8 % sur le trimestre pour atteindre 10,9 % du total des crédits.
Face à ce risque croissant de défauts de paiement, la prudence est devenue le maître-mot. Les banques, pourtant pleine de liquide, préfèrent se protéger contre d’éventuelles pertes plutôt que de financer de nouveaux projets jugés risqués.

Pour contrer cette tendance, la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) a assoupli sa politique en mars, abaissant son taux directeur pour rendre le crédit moins cher. Une mesure qui pourrait se heurter au « mur de la peur ».
Tant que le problème des créances douteuses ne sera pas traité en profondeur, la simple incitation monétaire risque d’être insuffisante pour que les liquidités bancaires irriguent à nouveau l’économie réelle.