Dettes de l’État : un sprint pour les opérateurs économiques

Les entreprises détentrices d’anciennes créances sur l’État gabonais font face à un défi logistique et temporel majeur. Le Ministère de l’Économie, des Finances, de la Dette et des Participations leur impose une date butoir extrêmement proche pour valider des titres de paiement en souffrance.
Le communiqué du Ministère, publié le 6 octobre 2023, résonne comme un ultimatum dans le secteur privé. Il concerne toutes les ordonnances en instance de règlement au Trésor Public antérieures à 2023. Cette mesure, qui s’inscrit dans la poursuite des réformes des finances publiques, vise l’assainissement des comptes et la restauration de la crédibilité de la signature de l’État.
Cependant, la principale difficulté réside dans le calendrier. Les opérateurs économiques ont jusqu’au 17 octobre 2023 pour déposer toutes les pièces justificatives de ces dettes à la TASK FORCE désignée. Ce délai de onze (11) jours est de rigueur. L’absence de dossier complet ou le non-respect de la date fixée entraîneront la suppression totale de la créance.
Risque d’annulation : l’Épée de Damoclès sur les PME
Cette exigence représente un fardeau considérable, particulièrement pour les Petites et Moyennes Entreprises (PME). Le rassemblement de la totalité des documents contractuels, des procès-verbaux de réception, des factures et des quittances pour des services parfois livrés il y a plusieurs années est un travail colossal. L’enjeu financier est énorme, car pour beaucoup, ces arriérés constituent une part significative de leur trésorerie.
Non seulement ces entreprises ne récupèreront pas leur dû, mais l’annulation de ces créances pourrait également déséquilibrer leur bilan, voire précipiter certaines d’entre elles vers la cessation d’activité.
Un mal nécessaire pour le climat des affaires
Bien que la pression opérationnelle soit intense, le secteur privé n’émet, pour l’heure, aucune critique ouverte. Ce silence s’explique en partie par la connaissance parfaite que l’actuel ministre d’État a des mécanismes du monde des affaires. Ancien président de la Confédération Patronale, il bénéficie d’une crédibilité importante auprès de ses pairs.
Les entreprises reconnaissent le caractère nécessaire de cette purge. Elles comprennent que la suppression des créances douteuses ou non justifiées est indispensable pour mettre fin aux mauvaises pratiques passées et garantir un système de paiement de l’État plus fiable et prévisible à l’avenir.
L’espoir réside désormais dans l’efficacité et la diligence de la Task Force. Les opérateurs attendent que cette mesure, aussi douloureuse soit-elle, débouche sur un processus de règlement des créances validées rapide et transparent, confirmant ainsi la volonté de l’État d’honorer enfin ses engagements.