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Exploitation minière : Eramet se plie pour ne pas disparaître

Le géant minier français a accepté des conditions drastique, de la transformation locale à la « gabonisation » des cadres. Loin d’être une capitulation, cette décision est une manœuvre calculée pour sécuriser son actif le plus stratégique sur le long terme.

La poignée de main entre le Président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema et le PDG d’Eramet, Paulo Castellari, a scellé bien plus qu’une simple audience de courtoisie.

En acceptant un cahier des charges particulièrement ambitieux, le groupe minier français n’a pas seulement cédé à la pression d’un nouveau pouvoir en quête de souveraineté.

Il a surtout joué une partie d’échecs stratégique pour sécuriser son avenir dans un pays qui représente le cœur de son empire du manganèse.

Entre la transformation locale de plus de deux millions de tonnes de minerai, la « gabonisation » des postes de direction ou encore le rapatriement des flux financiers, la liste des engagements a de quoi faire froncer les sourcils des analystes financiers.

Pour toute multinationale, de telles contraintes sont synonymes de coûts supplémentaires et d’une perte de contrôle opérationnel.

Alors, pourquoi Eramet a-t-il dit « oui » ? La réponse tient en un mot, pragmatisme.

Calculer le coût de l’inaction

Pour Eramet, le Gabon n’est pas un pays comme un autre. Sa filiale, la COMILOG (Compagnie Minière de l’Ogooué), exploite la mine de Moanda, l’un des plus grands et plus riches gisements de manganèse au monde.

Perdre ou même voir ses opérations perturbées au Gabon serait un coup dévastateur pour le groupe, qui est l’un des leaders mondiaux de ce métal indispensable à la production d’acier.

Le risque pour Eramet n’était pas seulement une renégociation difficile, mais potentiellement un retrait de sa licence d’exploitation ou une nationalisation rampante.

Face à ce scénario catastrophe, le coût des engagements pris devient soudainement plus acceptable. Il s’agit moins d’une dépense que d’un investissement dans la stabilité.

Acheter une « licence sociale et politique »

Pour Paulo Castellari, Directeur général du groupe Eramet, s’aligner aux exigences de l’état s’est sauvé ses actifs. Il a acheté ce que les experts appellent une « licence sociale et politique d’opérer » pour les décennies à venir.

Avec la création de plus de 16 000 emplois, la formation des cadres gabonais et la construction d’une centrale électrique qui bénéficiera au pays, Eramet passe du statut d’extracteur de richesses à celui de partenaire au développement.

Le rapatriement des flux financiers, bien que contraignant, renforce la confiance de l’État, avec la garantie que les revenus générés restent dans l’économie locale.

Un nouveau modèle pour l’Afrique ?

La décision d’Eramet pourrait bien servir de cas d’école. Dans une Afrique où le sentiment anti-français et la demande de souveraineté sur les ressources naturelles se font de plus en plus forts comme au Niger ou au Mali, le modèle purement extractif n’est plus tenable.

Les entreprises qui survivront et prospéreront seront celles qui, comme Eramet, sauront transformer les contraintes politiques en opportunités stratégiques.


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