

Le Fonds Gabonais d’Investissements Stratégiques (FGIS), est aujourd’hui au bord de l’asphyxie financière. Confronté à une dette colossale et à une crise de liquidité aiguë, le fonds souverain fait l’objet d’une reprise en main drastique par Henri-Claude Oyima, le ministre de l’Économie. Une restructuration qui pourrait aboutir à son absorption par la Caisse des Dépôts et Consignations, signant la fin d’un modèle et l’aveu d’une décennie de dérives.
Le FGIS fait face à près de 27 milliards de francs CFA d’engagements bancaires, dont 12 milliards doivent être impérativement remboursés d’ici la fin de l’année.
Le risque d’un défaut de paiement n’est plus une simple hypothèse pour cette institution financière créé en 2012 pour préparer l’après-pétrole en investissant dans des secteurs porteurs.
La thérapie de choc du ministre Oyima

Face à cette situation critique, Henri-Claude Oyima, a engagé une manœuvre de sauvetage musclée. Les premières mesures visent à reprendre le contrôle d’une structure jugée « lourde, fragmentée et difficile à contrôler ».
Il a ainsi été ordonné que les dividendes des filiales du FGIS soient désormais versés directement dans les caisses du Trésor public.
Pour renforcer la supervision, Pascal Houangni Ambouroue, nommé Président du Conseil d’Administration (PCA) en février 2025, se voit confier un rôle d’administrateur dans l’ensemble des entités sous la tutelle du fonds.
L’ombre d’une fusion avec la Caisse des Dépôts

Au-delà de ce recentrage administratif, une réforme bien plus structurelle est sur la table, avec l’intégration pure et simple du FGIS au sein de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC).
Il s’agit ici de garantir un suivi plus rigoureux des flux financiers, de mettre fin aux chevauchements de missions et d’assainir la situation comptable de l’institution.

Une rationalisation qui répond également à une exigence de transparence accrue des partenaires internationaux, comme le Fonds Monétaire International (FMI), qui pointent depuis des années les faiblesses de gouvernance de ces institutions.
Si elle se concrétise, cette absorption signerait la disparition du FGIS en tant que fonds souverain autonome.
Une décennie de dérives et d’investissements hasardeux

Dix ans après sa création avec une dotation initiale de 200 milliards de francs CFA, le FGIS paie le prix d’une gestion marquée par des choix politiques et des investissements hasardeux.
Des projets emblématiques se sont transformés en gouffres financiers. On cite notamment Earthlab, un projet de satellite de surveillance abandonné qui a coûté 2,3 milliards de francs CFA, ou encore l’African Music Institute, un institut musical pharaonique qui a englouti 5,7 milliards de FCFA et n’a jamais ouvert ses portes.

Des associations avec des partenaires controversés et des investissements dans des sociétés fantômes ont également contribué à détruire portefeuille d’actifs évalué à 342 milliards de francs CFA.
Cette restructuration s’apparente certes à un sursis pour éviter le naufrage, mais résonne surtout comme un constat d’échec. Le FGIS, qui devait être le fer de lance de la diversification, est devenu le symbole d’une décennie de mauvaise gestion.



