Le PDG en tournée: où est la dignité des gabonais si ce parti est toujours en vie ?

Alors que le Gabon tente de tourner la page d’un demi-siècle de règne sans partage, le Parti démocratique gabonais (PDG), pourtant discrédité par des décennies de pouvoir autoritaire et un coup-d’État censé y mettre un terme, entame une tournée nationale. Entre crise interne, hémorragie de cadres et stratégie de survie politique, cette initiative soulève une question cruciale : que reste-t-il de la rupture promise si les piliers de l’ancien régime continuent de faire campagne ?
Lambaréné, point de départ d’un baroud d’honneur politique ?
En entamant sa tournée nationale ce 22 mai par Lambaréné, le directoire du Parti démocratique gabonais (PDG) semble vouloir réanimer une formation politique qui, pour beaucoup de Gabonais, aurait dû appartenir aux archives de l’histoire depuis le coup d’État du 30 août 2023. Ce dernier, présenté comme un acte de salut national, visait explicitement à « redonner leur dignité aux Gabonais » et à tourner la page d’un régime sclérosé, dont le PDG était l’instrument central.
Pourtant, le parti fondé par Omar Bongo Ondimba, malgré son héritage controversé et ses profondes fractures internes, poursuit vaille que vaille ses activités. Mieux (ou pire), il se permet même une opération de séduction à l’approche des élections législatives et locales de septembre prochain. Une manœuvre que beaucoup d’observateurs qualifient de déconnexion flagrante avec la nouvelle ère que le Gabon est censé incarner.
Un parti en décomposition, mais toujours debout
Le climat est lourd au sein du PDG. Les départs s’enchaînent, traduisant une crise d’identité aiguë et une perte de repères généralisée. Le cas le plus symbolique est sans doute celui de Paul Biyoghe Mba, 1er vice-président du parti et figure de poids dans la province de l’Estuaire, qui serait sur le point d’annoncer sa démission. Une défection qui pourrait porter un coup fatal à l’influence résiduelle du PDG dans cette région stratégique.
Pourtant, malgré cette hémorragie, le président du PDG, Blaise Louembe, tente de maintenir le navire à flot. Accompagné d’une délégation restreinte, il espère rassurer les militants encore fidèles, présenter les nouvelles figures du parti et raviver une dynamique qui semble pourtant condamnée.
L’après-Bongo doit aussi être l’après-PDG
Ce que révèle cette tournée, c’est l’incapacité d’un ancien parti hégémonique à s’effacer dignement. Pire, son entêtement à exister malgré tout renforce le sentiment d’un changement inachevé. Si le 30 août 2023 a marqué la fin d’un règne, il n’a visiblement pas encore sonné le glas des pratiques politiques d’un autre âge.
Le peuple gabonais mérite mieux que des promesses recyclées par les acteurs d’un système rejeté. Le PDG, par décence et par respect pour les aspirations de renouveau exprimées il y a neuf mois, devrait aujourd’hui se retirer de la scène. Sa survie actuelle est moins un signe de force qu’un révélateur de l’ambiguïté persistante dans la transition politique gabonaise.