Franceville : le Gabon face au défi d’un veuvage digne et équitable

Ce 23 juin 2025, la Journée internationale des veuves (JIV) est célébrée à Franceville sous le sceau de la reconnaissance, mais aussi de l’interpellation. Le gouvernement gabonais, à travers un programme à la fois solennel et pédagogique, entend mettre en lumière les souffrances souvent invisibles que subissent les veuves, tout en affirmant son ambition de bâtir une société plus juste et inclusive. Mais au-delà des intentions affichées, cette commémoration soulève des questions de fond sur l’effectivité des droits sociaux et la portée réelle des réformes annoncées.
Instaurée par les Nations Unies en 2010, la JIV vise à briser le silence autour des discriminations que subissent des millions de femmes après la perte de leur conjoint : spoliation, rejet, isolement. Au Gabon, ces réalités ne sont pas étrangères. Et si le discours officiel évoque désormais la nécessité de concilier traditions et modernité, la coexistence entre normes coutumières et législation reste souvent conflictuelle, voire injuste pour les survivantes.
Le thème de cette année « La famille, la citoyenneté et les valeurs dans la gestion du deuil au Gabon » propose une réflexion salutaire, mais également délicate. Il met en cause certains usages familiaux profondément enracinés qui, loin de protéger la veuve, la fragilisent davantage, notamment dans la gestion des héritages et la reconnaissance de ses droits. Ce thème invite donc à une réforme en profondeur, où la loi doit non seulement s’appliquer, mais aussi s’imposer face à des pratiques souvent discriminatoires.
Parmi les temps forts de cette journée, une conférence-débat réunira chercheurs, acteurs institutionnels et veuves concernées afin d’examiner les leviers d’une meilleure protection. Un documentaire sera également diffusé pour illustrer, à travers des témoignages poignants, les épreuves vécues : démarches administratives kafkaïennes, absence de soutien économique, pression sociale. En clôture, un appui matériel sera offert à une centaine de veuves en situation de grande précarité, avec le concours de la CNAMGS. Un geste fort, mais ponctuel, qui appelle des mesures plus structurelles.
En somme, cette célébration à Franceville, bien que porteuse d’espoir, ne saurait faire oublier le long chemin qui reste à parcourir. Car pour que le veuvage cesse d’être un facteur de vulnérabilité au Gabon, il faudra dépasser les symboles et traduire les discours en actes concrets. Plaidoyer, éducation, révision du cadre juridique : autant de chantiers urgents pour que le deuil, au lieu d’exclure, devienne un moment d’unité, de reconnaissance et de justice sociale.