Plaine-Orety : l’Union nationale réclame une enquête parlementaire après les expulsions

À Plaine-Orety, dans le 3ᵉ arrondissement de Libreville, les scènes de démolition se sont multipliées ces dernières semaines. Bulldozers et engins de chantier ont été déployés pour raser plusieurs habitations, au nom d’un projet d’utilité publique : la construction d’une future Cité administrative. Une opération menée sur la base d’un décret pris le 14 février 2024, mais qui suscite de vives contestations chez les riverains. Face à la colère des habitants, l’Union nationale monte au créneau et exige l’ouverture d’une enquête parlementaire.
Le gouvernement affirme avoir procédé à des compensations en amont. D’après le ministre des Travaux publics, les personnes concernées auraient été recensées et indemnisées. Mais sur le terrain, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer des promesses non tenues. Certains résidents disent n’avoir rien reçu, ni argent ni lotissement. D’autres assurent avoir signé des contrats, sans que les engagements de l’État n’aient été respectés. Résultat : une incompréhension générale et un sentiment d’abandon.
Plus de 1 000 familles sont touchées par ces expropriations. Certaines vivent à Plaine-Orety depuis les années 1950. Toutes dénoncent l’absence de solutions concrètes de relogement. Elles s’inquiètent aussi de la rapidité des travaux, sans qu’aucune concertation ou accompagnement social n’ait été organisé. Dans les zones déjà rasées, des habitants restent campés sur place, espérant un miracle ou, du moins, une clarification. Beaucoup réclament des preuves : qui a été indemnisé ? De combien ? Sur quelle base ont été définis les montants ?
C’est dans ce climat de tension que l’Union nationale intervient. Le parti politique appelle à une enquête parlementaire sur le processus d’expropriation en cours à Plaine-Orety. Il demande aux parlementaires de se saisir de ce dossier pour établir les responsabilités, garantir la transparence et défendre les droits des populations. Pour l’Union nationale, cette enquête devra permettre de vérifier les déclarations du gouvernement, d’identifier les personnes effectivement indemnisées, et de s’assurer que nul ne soit lésé dans cette opération.
Le projet de Cité administrative vise à centraliser les services de l’État et à réduire les coûts de location des bâtiments publics, estimés entre 20 et 40 milliards de francs CFA par an. S’il répond à un besoin structurel, il soulève toutefois des questions fondamentales sur la manière dont il est mis en œuvre. Pour les familles concernées, il ne s’agit pas d’un simple déplacement, mais de la perte d’un chez-soi, d’années de sacrifices et d’attaches sociales.
En exigeant une enquête parlementaire, l’Union nationale ne remet pas en cause l’intérêt du projet, mais elle alerte sur la nécessité de replacer l’humain au cœur de l’action publique. À l’heure où les bulldozers continuent leur avancée, l’avenir des habitants de Plaine-Orety reste en suspens. Et avec lui, la capacité des institutions à gérer les grands projets sans sacrifier les plus vulnérables.