Gabon-France : Oligui Nguema et Macron actent un rapprochement politique et misent sur la culture

La visite d’État d’Emmanuel Macron à Libreville, ce dimanche, a donné lieu à une série d’annonces marquant la volonté des deux pays de réactualiser leur relation politique et d’amplifier leur coopération culturelle. Une dynamique confirmée lors d’un point de presse conjoint, où les deux dirigeants ont affiché un ton résolument conciliant.
Le président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema a tenu à rappeler que les crispations diplomatiques de ces dernières années ne devaient plus dicter les rapports entre les deux pays. « Il n’y a aucun nuage entre le Gabon et la France », a-t-il assuré, signifiant la fin d’une période d’incompréhensions et la volonté de repartir sur des bases plus stables.
De son côté, Emmanuel Macron a salué la trajectoire politique engagée au Gabon depuis 2023, évoquant un « tournant historique » et assurant que Paris accompagnerait Libreville « comme un ami, sans imposer ». Une formulation qui s’inscrit clairement dans la stratégie française de réorientation de sa diplomatie africaine, davantage axée sur le partenariat que sur l’influence.
La dimension culturelle au cœur du rapprochement
Les deux chefs d’État ont largement insisté sur l’importance du secteur culturel. La réouverture de l’Institut Français de Libreville, entièrement rénové, symbolise cette orientation nouvelle. L’accent est mis sur la création gabonaise, l’entrepreneuriat culturel et l’accès des jeunes artistes à des espaces de diffusion.
Dans le domaine universitaire, les échanges restent denses : plus de 5 700 étudiants gabonais poursuivent actuellement leurs études en France. Les deux pays souhaitent désormais aller plus loin en développant des formations conjointes et des passerelles académiques renforcées.
Environnement : une coopération stratégique
Parmi les annonces majeures figure la création d’une Académie de protection de l’environnement et des ressources naturelles, destinée à mieux coordonner la lutte contre l’orpaillage illégal, le trafic d’espèces protégées et les atteintes au patrimoine forestier. Cette initiative confirme la volonté des deux pays de collaborer dans un domaine où le Gabon est déjà reconnu comme un acteur majeur.
Au-delà des déclarations de bonne volonté, cette visite met en lumière plusieurs réalités :
- Le Gabon cherche à diversifier ses partenaires, mais ne peut ignorer la France, qui reste un acteur central dans l’économie, la formation et le secteur culturel.
- La France, fragilisée sur le continent, multiplie les gestes pour rassurer ses partenaires africains. Cette visite s’inscrit dans cette volonté de renouer un dialogue apaisé et utile.
- La culture devient un levier politique, un terrain moins conflictuel permettant de reconstruire la relation sans les charges symboliques du passé.
- Les jeunes, les artistes et les étudiants deviennent des acteurs stratégiques de ce partenariat : ils représentent la génération susceptible de redéfinir les liens entre les deux pays.
- Enfin, la coopération environnementale sert de point d’équilibre, car elle repose sur des intérêts convergents – sécurité, préservation des ressources et attractivité internationale.
Au terme de cette visite, Emmanuel Macron a salué « la chaleur du peuple gabonais », un message qui se veut fédérateur. Reste à voir si ce nouvel élan politique et culturel pourra s’inscrire dans la durée, dans un contexte où les attentes des populations et les réalités géopolitiques deviennent plus exigeantes.



