Economie

Gabon : le Comptoir Maivou, nouveau levier de valorisation des produits forestiers non ligneux

Le Gabon poursuit sa stratégie de diversification économique en s’appuyant sur son capital naturel. Le 13 octobre, l’Agence gabonaise pour le développement de l’économie verte (Agadev) a lancé le Comptoir national des produits forestiers autres que le bois d’œuvre (PFABO), baptisé Maivou. Ce dispositif vise à structurer un secteur encore informel et à transformer la richesse forestière du pays en moteur de croissance durable.

Placée sous le parrainage de la Première dame, Zita Oligui Nguema, la cérémonie de lancement s’est tenue en présence du ministre des Eaux et Forêts, Maurice Ntossui Allogho, et de la directrice générale de l’Agadev, Scyrielle P. Sende Etali.

Structurer un potentiel économique sous-exploité

Le Gabon, dont 88 % du territoire est recouvert de forêts, dispose d’un patrimoine naturel considérable. Si le bois d’œuvre constitue déjà une filière exportatrice stratégique, la grande majorité des produits forestiers non ligneux (PFNL), tels que les fruits, les plantes médicinales, les résines, le miel ou les huiles, reste encore peu valorisée sur le plan économique.

Le Comptoir Maivou a pour objectif de corriger cette asymétrie. En créant un cadre institutionnel et réglementaire autour de ces produits, il entend organiser leur collecte, leur transformation et leur commercialisation, tout en garantissant une exploitation durable des ressources forestières.
Ce dispositif s’inscrit dans la logique de l’économie verte, au cœur des priorités du gouvernement pour réduire la dépendance aux revenus extractifs.

Un instrument de régulation et d’investissement

Selon la directrice générale de l’Agadev, Scyrielle P. Sende Etali, le Comptoir Maivou fonctionnera comme un guichet unique reliant les services de l’État, les investisseurs et les producteurs locaux.
Sa mission est double : assurer la traçabilité et la transparence des transactions liées aux PFNL, et faciliter la coopération entre les acteurs publics et privés.
L’objectif est de professionnaliser la filière sans freiner l’initiative privée. « Maivou ne vend pas, ne concurrence pas les PME, il structure et soutient », a-t-elle souligné.

D’ici à 2032, le projet ambitionne de mobiliser plus de 6 milliards de francs CFA d’investissements, générant 750 milliards de francs CFA de PIB, dont 150 milliards reviendront directement à l’État.

Un levier d’inclusion sociale et de croissance locale

Au-delà de son impact économique, le Comptoir Maivou porte une dimension sociale forte. Il vise à transformer les conditions de vie de plus de 20 000 bénéficiaires, majoritairement femmes et jeunes, en favorisant leur intégration dans les chaînes de valeur forestières.

Les revenus issus du Comptoir alimenteront également un Fonds d’investissement communautaire, destiné à soutenir les projets locaux dans les zones rurales.
Pour la Première dame, marraine du projet, ce dispositif illustre une « économie forestière inclusive », où les communautés locales deviennent actrices de la gestion durable et bénéficiaires directes des richesses naturelles.

Vers une gouvernance moderne des ressources naturelles

Le ministre des Eaux et Forêts, Maurice Ntossui Allogho, a salué le Comptoir Maivou comme un outil stratégique pour renforcer la gouvernance du secteur forestier.
Il a rappelé que le Gabon, engagé dans la neutralité carbone et signataire du protocole de Nagoya, entend encadrer la bioprospection et la recherche scientifique afin de garantir la souveraineté nationale sur la biodiversité.
Cette approche vise à prévenir la surexploitation tout en tirant parti des opportunités économiques liées à la bioéconomie et à la transformation locale.

Un signal fort pour la transition économique du Gabon

Le lancement du Comptoir Maivou confirme la volonté du gouvernement de faire de la forêt gabonaise un pilier de l’économie post-pétrole.
À travers ce projet, le pays cherche à concilier croissance, inclusion et durabilité, tout en affirmant sa position de leader africain en matière de gestion forestière responsable.

L’ouverture opérationnelle du Comptoir est prévue pour le 1er janvier 2026. Elle marquera une étape concrète dans la construction d’un modèle gabonais d’économie verte, où la nature devient un actif économique à part entière.

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