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Gabon : le grand malaise persistant à l’aube de la Ve République

Constat général sur l’état des lieux

Bienvenue au Gabon, ce petit coin de paradis tropical où l’irresponsabilité citoyenne s’est érigée en mode de gouvernance… populaire. Ici, depuis des décennies, chacun s’efforce, avec une remarquable constance, à ne surtout pas s’impliquer dans la gestion des affaires publiques. Pourquoi se salir les mains, après tout ? L’implication citoyenne, c’est surfait. La propreté urbaine ? Une lubie de pays civilisés. La corruption ? Un sport national. Et l’éducation civique ? Une légende urbaine qu’on raconte aux enfants pour les endormir.

Sur le plan social 

Nous pouvons constater que l’insalubrité dans la capitale ( Libreville ) illustre ce malaise social : la déresponsabilisation collective pousse les citoyens à rejeter la faute sur les autorités, alors que le comportement individuel (jet de déchets, vandalisme des infrastructures) aggrave la situation. Ici, le comportement de tous les citoyens et en particulier les gabonais est mis en cause par des actes d’incivisme qu’ils posent au quotidien dans leur environnement immédiat. Car comment comprendre que malgré les efforts dans le ramassage des ordures ménagers par la société CLEAN AFRICA aux heures précises, certains gabonais se permettre d’aller déposer leurs ordures dans les bacs à poubelles aux heures non recommandées et de façon désorganisé ? En réalité les dépôts des ordures se font entre 18h et 21h afin de permettre la société à mieux faire son travail et de garder la ville propre.

Malgré toutes ces mesures afin de garder notre environnement propre, il n’est pas rare d’entendre certaines expressions telles que : « Je dépose mes ordures quand je sors, c’est leur boulot de ramasser », ou encore « Le sol, la poubelle, quelle différence ? que la mairie fasse son boulot ».Ces comportements traduisent un état de mentalité réfractaire au changement.  L’Etat en montrant l’exemple avec l’institution de la journée citoyenne par le pouvoir déchu avait lancé un signal fort dans la lutte contre insalubrité. Mais là encore, quelle idée saugrenue de vouloir inciter les citoyens à prendre soin de leur propre environnement. Franchement, à quoi bon ?

Sur le plan économique 

Passons maintenant à notre discipline favorite : la corruption. Un score de (28/100) à l’Indice de Perception de la Corruption 2023. En effet, cette corruption mine les ressources publiques, détournant des fonds essentiels à l’investissement dans les infrastructures, la santé, l’éducation et les services sociaux, ce qui freine le développement économique et accroît la méfiance des citoyens envers l’État.  Le pays a connu pendant plusieurs années, le phénomène des éléphants blanc notamment avec des projets qui n’étaient pas arriver à leurs réalisations et le plus souvent financé entièrement. Souvenons nous des fêtes tournantes sous l’ère Omar Bongo Ondimba de 2002 à 2008 organisé dans les neuf (09) provinces, plusieurs milliards avaient été décaissé par le trésor public mais certains hommes politiques en charge de l’exécution des travaux dans leurs provinces avaient trouver mieux de détourner cet argent au lieu de réaliser les projets lancés à toute pompe. Les détournements de fonds sont si courants qu’ils en deviennent presque folkloriques.

Aujourd’hui la situation est pratiquement la même dans l’administration gabonaise et le fait récent est celui des résultats du concours d’entrée à l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) avec ce soupçon de tripatouillage des listes des admis. D’ailleurs pour cette information, depuis plusieurs mois les candidats ayant était déclaré ajournés mènent un sit-in devant la chambre basse du Parlement (Assemblée Nationale) pour réclamer une transparence des résultats dans les listes des admis. Et face à cette situation conflictuelle, il n’est pas rare d’entendre au sein de l’opinion nationale les personnes qui disent que pour gagner un concours au Gabon, il faut avoir un parapluie (une personne bien placée au sein de la haute administration).

C’est donc un phénomène qui se manifeste dans tous les pans de la société faisant ainsi apparaitre une expression bien connue du plus grand nombre de la population à savoir « le pourcentage ».  C’est une expression très usitée dans le monde de l’attribution des marchés publics et dans le traitement des dossiers au sein des administrations.

Dans son discours d’investiture le 3 mai, le Président Brice Clotaire Oligui Nguema a décidé de faire de la lutte contre les détournements des biens publics, l’impunité, la corruption et faire de ça son cheval de bataille durant son septennat (7ans) à la tête du pays afin de redonner la dignité aux Gabonais. La réussite de ces défis passe donc par un changement de mentalité et une prise de conscience de la population. Il faut comprendre ici que chaque Gabonais est un acteur de changement et de développement pour son pays dans la mesure où le manque d’engagement citoyen dans la transparence et la reddition de comptes contribue à la persistance de ces dysfonctionnements.

Sur le plan éducatif 

Enfin, n’oublions pas la cerise sur le gâteau : l’éducation civique. Ou plutôt, son absence tragique. Les citoyens ignorent jusqu’à leurs droits les plus élémentaires, et encore plus leurs devoirs. Ce vide abyssal donne lieu à des comportements défiant toute logique : viols, braquages, vols… Le cocktail explosif d’une société où la règle, c’est l’absence de règles.

Heureusement, quelques irréductibles comme le COPIL CITOYEN s’échinent à prêcher dans le désert, lançant des campagnes d’éducation civique. Mais bon, on ne redresse pas une nation avec quelques slogans et flyers. Une réforme éducative s’impose, avec un brin d’éthique, un soupçon de responsabilité, et peut-être, soyons fous, une pincée de civisme.

Mais que voulez-vous ? Au Gabon, tout le monde veut le changement, à condition que rien ne change, surtout pas soi-même.

En conclusion

Le Gabon s’est longtemps appliqué à cultiver l’art de l’irresponsabilité, avec une rigueur qui force presque le respect. Mais rien n’est figé. À force de toucher le fond, peut-être finira-t-on par se dire qu’il est temps de remonter. Si chacun cessait de regarder ailleurs et décidait, ne serait-ce qu’un peu, de jouer son rôle, alors, contre toute attente, l’espoir pourrait bien faire surface.

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