Politique

Gabon : le PDG au bord de la rupture avec Oligui et l’UDB

Le communiqué rendu public le 2 octobre 2025 par Angélique Ngoma, secrétaire générale du Parti démocratique gabonais (PDG), ne refléterait qu’imparfaitement la réalité des débats internes tenus la veille. Derrière la sobriété du texte officiel, la réunion post-électorale du parti a révélé un profond malaise : celui d’une base révoltée contre son président, Blaise Louembé, et d’une volonté grandissante de tourner la page de l’alliance tacite avec le camp présidentiel.

Ce qui devait être une simple séance d’évaluation électorale s’est mué en une contestation ouverte de la direction actuelle. Devant les membres du bureau politique, les candidats et les responsables régionaux, de nombreuses voix ont dénoncé la stratégie de Blaise Louembé, accusé d’avoir entraîné le PDG dans un partenariat politique jugé flou et déséquilibré avec l’Union des bâtisseurs (UDB) du président Brice Clotaire Oligui Nguema.

Selon plusieurs cadres, le président du parti aurait scellé un accord verbal de soutien mutuel sans cadre formel ni garanties réelles. Ce « pacte moral » aurait, selon eux, affaibli l’autonomie du PDG et brouillé son identité politique. Les critiques sont telles que des appels à la démission de Louembé ont été lancés, certains estimant qu’il a « livré le parti sans contrepartie » dans une alliance devenue embarrassante.

Le désenchantement vis-à-vis de l’UDB

Mais la fronde dépasse le seul président du PDG. Une large partie des militants accuse désormais l’UDB d’avoir rompu l’équilibre de la coopération politique. Plusieurs intervenants ont fustigé « l’ingratitude » du parti présidentiel, accusé d’avoir marginalisé ses alliés lors du scrutin du 27 septembre. En dépit du rôle structurant du PDG dans la mobilisation des électeurs, nombre de ses candidats affirment avoir été écartés ou défavorisés dans plusieurs circonscriptions.

Pour beaucoup, cette situation confirme que l’UDB aurait profité du maillage territorial du PDG pour consolider sa domination, sans respecter l’esprit de partenariat initial. Dans un ton amer, certains ont rappelé que sans le soutien de l’ancien parti au pouvoir, ni la présidentielle ni le référendum n’auraient connu l’ampleur des victoires revendiquées par le camp présidentiel.

Vers un retrait du second tour ?

Face à ce climat de défiance, plusieurs cadres plaident désormais pour un retrait du PDG du second tour des élections législatives prévu le 11 octobre. Cette option, soutenue par une majorité des candidats battus ou fragilisés, viserait à repositionner le parti comme une véritable force d’opposition, en rupture avec la ligne conciliante défendue jusqu’ici. Une orientation qui fait écho à la posture qu’avait prônée dès 2023 l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilié-By-Nze : celle d’un PDG assumant son indépendance et son rôle critique vis-à-vis du pouvoir.

La déclaration officielle du 2 octobre, elle, s’est voulue plus mesurée. Le texte lu par Angélique Ngoma listait cinq conditions à la participation du PDG au second tour, réforme des commissions électorales, encadrement des procurations, libre accès des délégués, sanctions effectives et transparence du dépouillement. Mais ces exigences procédurales paraissent bien loin des attentes de la base militante, qui réclame désormais une rupture nette et assumée.

Le PDG se retrouve ainsi à la croisée des chemins. Entre une direction qui semble encore croire à une recomposition par le dialogue et des militants déterminés à rompre les amarres avec le pouvoir, le parti traverse une crise d’identité majeure. Si Blaise Louembé s’entête à maintenir la ligne de coopération, il risque d’accentuer la fracture interne et d’accélérer la désertion de figures influentes.

Une recomposition politique en gestation

La crise actuelle du PDG dépasse le simple désaccord électoral. Elle traduit une mutation profonde du champ politique gabonais : l’ancien parti dominant peine à redéfinir sa place dans un paysage désormais centré autour de l’UDB et de Brice Clotaire Oligui Nguema. Tiraillé entre l’instinct de survie et la tentation du sursaut, le PDG se cherche une nouvelle légitimité. S’il choisit la rupture, il pourrait redevenir une force d’opposition structurée. S’il persiste dans l’ambiguïté, il risque de s’effacer lentement, victime de son propre passé et de ses compromis successifs.

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