Gabon: le PDG demande pardon mais peut-on pardonner l’impardonnable ?

Dans un exercice de communication qui frise la provocation, le Parti Démocratique Gabonais (PDG) a demandé pardon aux populations pour les « souffrances » infligées durant les dernières années, promettant une gestion « plus responsable » à l’avenir. Mais comment croire à une telle repentance, quand ce même parti a confisqué le pouvoir pendant 56 ans, sans jamais réussir à faire décoller le Gabon ?
56 ans de règne, 56 ans de stagnation
Depuis 1967, le PDG est l’architecte de l’État gabonais: 42 ans sous Omar Bongo, puis 14 ans sous son fils Ali Bongo. Plus d’un demi-siècle au pouvoir, durant lequel le pays aurait dû se développer grâce à ses immenses ressources naturelles. Au lieu de cela, le Gabon est resté figé: infrastructures délabrées, pauvreté endémique, chômage massif, services publics à l’agonie. Si le pays n’a jamais décollé, c’est parce que le PDG a construit un système qui a étouffé toute initiative et institutionnalisé la corruption.
Changement dans la continuité ?
Certains se réjouissent de voir le PDG officiellement écarté après la chute d’Ali Bongo. Illusion ! Une bonne partie de l’entourage de Brice Oligui Nguema est composée de pdgistes recyclés. En réalité, le système n’a pas changé: les mêmes visages, les mêmes réseaux, la même logique prédatrice. Le PDG n’a pas quitté le pouvoir, il a simplement changé de costume.
La mascarade du pardon
Demander pardon aujourd’hui, c’est tenter de manipuler une nouvelle fois l’opinion publique. Le PDG se pose en victime de ses propres dérives, alors qu’il est à l’origine de toutes les impasses actuelles. Promettre une « meilleure gestion » n’a aucun sens quand on a bâti l’État sur la gabegie, le clientélisme et le népotisme. Pire: ce mea culpa dénote un cynisme profond, comme si quelques mots pouvaient effacer un demi-siècle de souffrances.
Dissoudre pour tourner la page
La seule issue crédible pour restaurer la dignité des Gabonais serait la dissolution pure et simple du PDG. Tant que ce parti existera, il constituera une menace pour l’avenir du pays, une machine à recycler les mêmes élites et à perpétuer les mêmes dérives. Le Gabon n’a pas besoin d’un PDG repenti: il a besoin d’un renouveau politique total, débarrassé de ceux qui ont trahi le peuple pendant des générations.
Ainsi, le PDG demande pardon, mais ce pardon est sans valeur. Pendant 56 ans, il a façonné l’État à son image: prédateur, inégalitaire et bloqué. Aujourd’hui encore, il continue de tirer les ficelles en coulisses. Les Gabonais ne doivent pas se laisser abuser : on ne reconstruit pas un pays avec les décombres du passé.