Politique

Gabon : Le PDG félicite Brice Clotaire Oligui Nguema, son propre fossoyeur

C’est une scène politique à la fois surprenante et révélatrice que le Gabon a observée ce samedi 26 avril 2025. Dans un communiqué officiel, le Parti Démocratique Gabonais (PDG), ex-parti dominant pendant plus de 50 ans, a exprimé sa « grande satisfaction » suite à la victoire de Brice Clotaire Oligui Nguema à l’élection présidentielle du 12 avril dernier.

La démarche ne manque pas d’interroger. Car c’est bien Oligui Nguema, alors chef de la Garde Républicaine, qui en août 2023 a renversé Ali Bongo Ondimba, mettant brutalement fin à l’hégémonie du PDG et au règne de la famille Bongo. Voir aujourd’hui ce même parti, autrefois si jaloux de son pouvoir, se réjouir de l’ascension de son tombeur, traduit un retournement spectaculaire, voire une profonde crise d’identité politique.

Dans son communiqué, le PDG affirme « saluer la maturité du peuple gabonais » et « encourager le Président élu dans l’accomplissement de sa mission ». Une position qui tranche avec ce que beaucoup d’observateurs attendaient : au minimum une réserve, au mieux un silence stratégique, mais certainement pas une approbation affichée. Certains y verront un geste d’apaisement. D’autres y liront plutôt un opportunisme politique flagrant, caractéristique d’un parti qui, après avoir longtemps dominé, cherche désormais désespérément à rester dans le jeu en s’alignant sur le nouveau pouvoir.

Cette posture soulève plusieurs interrogations : le PDG est-il en train d’abandonner toute velléité de reconquête pour se fondre dans la nouvelle configuration politique ? Ou assiste-t-on à une manœuvre plus subtile visant à préserver ses réseaux et son influence dans les coulisses du pouvoir ?

Car dans les faits, Brice Clotaire Oligui Nguema a été élu avec plus de 94 % des suffrages exprimés, selon la Cour constitutionnelle, dans une élection sans véritable suspense et dans un climat politique très particulier. Les critiques ne manquent pas sur la transparence du scrutin, ni sur l’équilibre des forces politiques actuelles où l’opposition peine encore à exister pleinement.

En saluant la victoire d’Oligui Nguema, le PDG prend donc un pari risqué : celui de se mettre à la remorque d’un homme qui a précisément brisé son règne, et dont la vision du pouvoir pourrait bien être incompatible avec l’ancien système qu’il entendait réformer.

Le Gabon entre dans une nouvelle ère. Mais pour le PDG, autrefois tout-puissant, l’heure semble être à la redéfinition de son rôle : acteur politique assumé ou simple figurant d’un pouvoir qu’il n’incarne plus. Le parti saura-t-il se réinventer ? Ou restera-t-il prisonnier de ses contradictions et de son passé glorieux désormais révolu ?

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