Politique

Gabon : le vice-président défend le scrutin et met en garde l’opposition

A la suite des élections législatives et locales du 27 septembre 2025, le vice-président de la République, Séraphin Moundounga, est monté au créneau pour défendre la régularité du scrutin. Depuis Tchibanga, il a rejeté les accusations de fraude, annoncé la reprise des votes dans certaines circonscriptions et appelé les opposants à « retrouver leur lucidité ».

Dans sa déclaration, Séraphin Moundounga a affirmé que les élections s’étaient déroulées « dans la transparence et le calme dans 98 % des circonscriptions ». Le taux de participation officiel s’élève à 53 %. Le vice-président a rappelé que le processus était « conduit et contrôlé par les organes électoraux compétents » et ouvert à l’observation nationale et internationale.

Il a néanmoins reconnu des « cas isolés de dénonciations », invitant les partis à saisir les juridictions compétentes. Deux affaires sont déjà en instruction. Par ailleurs, il a averti que les auteurs de violences, de destructions de matériel électoral ou d’incitations à la haine devront répondre de leurs actes devant la justice.

Saluant « le professionnalisme » des forces de défense et de sécurité, Moundounga estime que leur action a contribué à garantir un climat pacifique. Pour lui, la consolidation démocratique est « un chemin de longue haleine » et ne saurait s’improviser en un seul scrutin.

Une mise en garde adressée à l’opposition

Le vice-président s’est montré plus ferme à l’égard de certains acteurs politiques. Sans le nommer directement, il a ciblé « un ancien Premier ministre » accusé d’attiser la violence et la révolte. Moundounga a appelé ces responsables à « faire preuve de sagesse » et rappelé qu’« un bon démocrate sait reconnaître sa défaite et féliciter le vainqueur ».

Pour illustrer ses propos, il a évoqué deux exemples. À Moabi, le scrutin a été annulé et sera repris « conformément à la loi », preuve selon lui que « la démocratie rime avec l’État de droit ». À Ngouoni, fief du président Brice Clotaire Oligui Nguema, le candidat de l’UDB – le parti du chef de l’État – a été battu par un concurrent. « L’UDB s’en est félicité », a souligné Moundounga, pour démontrer que l’alternance locale était possible.

La riposte de Raymond Ndong Sima

Quelques heures après cette sortie, l’ancien Premier ministre Raymond Ndong Sima, visiblement visé par les propos du vice-président, a réagi sur sa page Facebook dans la nuit du 29 septembre. « Bonsoir à tous et à chacun. Je viens d’écouter l’audio du Vice-Président de la République monsieur Moundounga Séraphin. Il me met gravement en cause au sujet des incidents survenus à l’occasion des scrutins du 27 septembre. Toujours dans le nord où j’ai voté, je lui répondrai à l’occasion d’un point de presse que j’organiserai dès mon retour à Libreville. »

Cette réponse ouvre un nouveau front dans la bataille politique post-électorale, confirmant que les tensions sont loin d’être apaisées.

La déclaration de Séraphin Moundounga illustre la volonté du pouvoir de rassurer sur la crédibilité du processus électoral, tout en désignant clairement des boucs émissaires dans l’opposition. En ciblant un ancien Premier ministre, il met en scène une opposition présentée comme irresponsable, alors que le gouvernement cherche à donner des gages de légalité.

Toutefois, la réaction de Raymond Ndong Sima montre que le débat ne se limitera pas aux institutions électorales ou judiciaires. Il s’annonce également politique et médiatique. Dans un contexte politique où la légitimité reste fragile, la capacité des deux camps à privilégier l’apaisement plutôt que l’escalade sera déterminante pour la suite.

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