Gabon : vers la fin progressive de la gratuité des transports urbains publics

Instituée en pleine crise sanitaire pour soulager les populations, la gratuité des transports publics urbains au Gabon vit probablement ses derniers mois. Le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a demandé le vendredi 20 juin, en Conseil des ministres, au Ministre d’État chargé des Transports d’engager un processus de sortie progressive de ce dispositif devenu économiquement insoutenable.
Mis en place au plus fort de la pandémie de Covid-19, ce régime exceptionnel de gratuité avait permis de garantir une mobilité minimale pour les usagers en difficulté. Mais plus de trois ans après, la mesure pèse lourdement sur les finances publiques et menace la survie même des deux principaux opérateurs de transport urbain du pays, Trans’Urb et SOGATRA.
Un nouveau modèle tarifaire en gestation
Face à cette impasse budgétaire, le Chef de l’État a instruit le Gouvernement de travailler à l’élaboration d’une nouvelle politique tarifaire. Celle-ci devra reposer sur un système d’abonnements annuels, dont les montants seraient selon des critères sociaux. L’objectif affiché est clair : assurer une viabilité économique durable pour les opérateurs, tout en maintenant l’accès équitable des usagers les plus vulnérables au service public.
Le Ministre d’État en charge des Transports est désormais chargé de soumettre, dans les meilleurs délais, les contours de cette réforme tarifaire. Elle devra concilier efficacité financière et justice sociale, dans un contexte où les attentes des citoyens en matière de services publics de qualité sont de plus en plus pressantes.
Une transition à piloter avec prudence
Si la fin de la gratuité semble inévitable, le gouvernement entend mettre en place un processus de transition progressif, évitant tout choc brutal pour les usagers. Ce retour à une tarification partielle ou totale devra être accompagné d’une communication pédagogique et de garanties d’accompagnement social, notamment pour les étudiants, les personnes âgées, ou encore les populations à faibles revenus.
Ce tournant dans la politique de transport urbain s’inscrit plus largement dans la dynamique actuelle de réforme structurelle des finances publiques, initiée par le pouvoir exécutif. Elle traduit aussi une volonté de réalisme budgétaire, en rupture avec les pratiques antérieures jugées inefficaces ou insoutenables.
L’annonce marque une étape importante dans la redéfinition du contrat social autour des services publics au Gabon. Reste à savoir comment cette réforme sera accueillie par les populations, et dans quelle mesure elle pourra améliorer la qualité, la régularité et la pérennité des transports urbains.