Grève à la Marine marchande : les agents relancent le bras de fer avec la direction

Le climat social se dégrade à la Direction générale de la marine marchande (DGMM). Après une suspension temporaire de leur mouvement, les agents réunis au sein du Syndicat national de la marine marchande (SYNAMM) ont décidé, mercredi 15 octobre 2025, de reprendre la grève générale illimitée. Une décision motivée, selon eux, par l’inaction de la hiérarchie face à leurs revendications et la persistance de nombreux dysfonctionnements internes.
« Nous n’avons obtenu aucune réponse claire à nos préoccupations », a dénoncé Aurélie Bouté Ntori, membre du bureau du SYNAMM, évoquant une situation devenue intenable pour les agents. Le syndicat, qui dit avoir épuisé toutes les voies de dialogue, accuse la direction générale de laisser s’installer un climat de frustration et d’iniquité au sein de l’administration maritime.
Dans son cahier de charges, le SYNAMM formule 17 revendications, dont 5 jugées prioritaires. Parmi celles-ci figurent le non-paiement des primes de rendement depuis 17 mois, le blocage des nominations, la mauvaise gestion du capital humain, l’absence de siège administratif et le flou persistant sur le statut paramilitaire et les grades. Ces manquements, selon les agents, traduisent une gouvernance interne défaillante et un manque de considération pour les droits du personnel.
« Nous ne reculerons pas. Nous demandons le départ du Directeur général et la mise en place d’une gestion conforme aux textes et aux compétences disponibles », a insisté Mme Bouté Ntori, qui regrette l’absence de réaction du ministère de tutelle. Le syndicat fustige par ailleurs la nomination du dirigeant actuel, estimant que le poste devrait revenir à un cadre formé au sein même de la Marine marchande, capable de comprendre les réalités du terrain et les spécificités de ce corps professionnel.
En toile de fond, cette grève illimitée met en lumière un malaise plus profond : celui d’une administration maritime en quête de stabilité, où les tensions sociales se mêlent à une crise de gouvernance. Le silence du ministère des Transports, perçu comme un désintérêt, risque d’alimenter davantage la grogne syndicale.
La reprise du mouvement de grève au sein de la Marine marchande traduit une crise structurelle qui dépasse la simple revendication salariale. Elle met en évidence le décalage croissant entre les agents et leur hiérarchie, dans un contexte où la gouvernance publique peine à s’adapter aux exigences de transparence et de performance.
Si le SYNAMM appelle à un changement de cap, c’est moins pour contester l’autorité que pour réclamer une administration plus juste, plus cohérente et mieux pilotée. À ce stade, seule une médiation sérieuse du ministère pourrait désamorcer la situation. Faute de quoi, la grève pourrait s’enliser, au risque de paralyser durablement un secteur clé du transport maritime national.