

Le dernier Rapport sur le développement humain du PNUD place le Gabon au 7e rang en Afrique, une performance notable. Pourtant, derrière ce score élevé se dessinent les contours d’un modèle de développement fragile et inégalitaire.
Avec un score de 0,733, le Gabon se maintient dans la catégorie des pays à « développement humain élevé », selon le Rapport 2025 du Programme des Nations unies pour le développement. Il se classe 7e sur le continent et 108e au niveau mondial.
Cette position, enviable en Afrique subsaharienne où seuls l’Afrique du Sud et le Botswana partagent ce statut, mérite toutefois un examen plus approfondi.
Une prospérité qui peine à se partager
Le premier paradoxe réside dans la nature même de l’Indice de Développement Humain. Il s’agit d’une moyenne qui lisse les écarts.
Derrière ce chiffre global, la question des inégalités reste entière.
La richesse nationale, principalement issue des exportations de pétrole et de manganèse, bénéficie-t-elle à l’ensemble des Gabonais ?
De nombreux observateurs soulignent le fossé qui sépare une élite urbaine d’une grande partie de la population, dont les conditions de vie ne reflètent pas toujours ce bon classement international.
L’IDH, s’il était ajusté aux inégalités, raconterait probablement une histoire bien différente.

La menace de la dépendance économique
Le second défi est celui de la durabilité. Le bon score du Gabon dépend étroitement de la santé d’une économie de rente.
Cette dernière est vulnérable aux fluctuations des cours mondiaux des matières premières.
Un effondrement des prix du pétrole pourrait rapidement dégrader les indicateurs sociaux et économiques du pays.
La diversification de l’économie, souvent évoquée mais difficile à mettre en œuvre, demeure l’enjeu crucial pour transformer cette performance en un développement pérenne et solide.

Un rang mondial qui invite à la modestie
La perspective globale tempère l’enthousiasme. Si une 7e place africaine est honorable, un 108e rang mondial situe le Gabon dans la seconde moitié du classement.
L’écart avec les leaders continentaux comme les Seychelles (0,848) ou Maurice (0,806) reste considérable.
Cet écart montre les obstacles structurels qui freinent encore le pays dans sa course vers le groupe des nations à « très haut développement humain ».

Le classement du Gabon est donc une reconnaissance de ses progrès, mais il doit surtout agir comme un rappel.
Le véritable succès ne se mesurera pas à la hauteur de son IDH, mais à sa capacité à construire un avenir plus juste pour tous ses citoyens et moins dépendant de ses ressources naturelles.