Annonces
Tendance

Interdiction de Sachet Plastique : Le Petit Commerce Sacrifié sur l’Autel de l’Écologie

Depuis le 23 septembre 2025, une nouvelle réalité s’impose dans les marchés et les échoppes du Gabon. La loi qui interdit les sacs plastiques à usage unique est entrée en vigueur. Si la mesure reçoit les éloges des défenseurs de l’environnement, elle plonge dans le désarroi des milliers de petits commerçants pour qui le sachet en plastique était un outil de travail essentiel et peu coûteux. Aujourd’hui, ils se sentent comme les grands oubliés de cette transition écologique.

Dans les allées animées du marché de Mont-Bouët, le plus grand de la capitale, l’ambiance a changé. Les clients qui déambulent semblent plus hésitants. Les vendeurs, eux, font face à un casse-tête quotidien.

« Avant, je donnais un sac pour une botte de légumes ou quelques fruits. Cela allait de soi ; maintenant, le sac en papier ou en tissu a un coût. Un coût que mes clients refusent souvent de payer, et que je ne peux pas supporter seule », explique Marie, qui vend des condiments depuis cinq ans. Sa marge bénéficiaire, déjà très faible, se réduit comme peau de chagrin.

Les alternatives proposées, quand elles sont disponibles, coûtent entre 150 et 650 francs CFA. Pour un commerçant du secteur informel dont le bénéfice journalier dépasse rarement quelques milliers de francs, cette nouvelle dépense ampute directement ses revenus.

La conséquence directe est un ralentissement de l’activité. Des ventes sont annulées au dernier moment, car le client n’a pas de contenant ou refuse de payer le supplément pour un sac. Les produits frais, qui doivent s’écouler vite, finissent parfois par se perdre.

Le sentiment général qui domine chez ces acteurs de l’économie populaire est celui de l’abandon. Le Syndicat libre des commerçants du Gabon (Sylicog) dénonce « une décision verticale, une loi qui fut pensée sans une consultation préalable de ceux qui sont en première ligne ».

Le sentiment général qui domine chez ces acteurs de l’économie populaire est celui de l’abandon. Le Syndicat libre des commerçants du Gabon (Sylicog) dénonce « une décision verticale, une loi qui fut pensée sans une consultation préalable de ceux qui sont en première ligne ».

Aucune mesure d’accompagnement, aucune subvention pour l’achat de stocks de sacs alternatifs, aucun délai de grâce pour écouler les anciens emballages n’ont été mis en place pour ce secteur vital de l’économie gabonaise.

De fait, la loi crée une économie à deux vitesses. Les grandes surfaces, qui ont une trésorerie solide, commandent des alternatives en gros et intègrent plus facilement ce coût dans leur modèle économique.

Le détaillant du marché, lui, subit la situation. Il se trouve pris en étau entre une loi qu’il doit respecter sous peine d’amende et une clientèle dont le pouvoir d’achat est déjà sous forte pression.

Le Gabon fait face à un dilemme complexe. Personne ne conteste la nécessité de protéger un environnement exceptionnel de la pollution plastique.

Cependant, la transition écologique, pour qu’elle soit un succès, doit inclure tous les acteurs de la société.

Sans un soutien concret et rapide aux plus fragiles, cette mesure, aussi vertueuse soit-elle sur le papier, risque de précariser durablement toute une frange de la population qui se bat chaque jour pour sa survie économique.

Articles connexes

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page