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Administration Publique : entre « laxisme » et « présalaire », anatomie d’un blocage

Derrière chaque annonce d’affectations dans le secteur de la santé annoncé dimanche par Adrien MOUGOUGOU, le ministre de la santé, il se cache un système grippé qui laisse des centaines de professionnels dans l’incertitude. La récente vague de déception qui a suivi les arrêtés de septembre 2025 n’est que le symptôme d’un mal profond.

Le témoignage d’un médecin en attente, corroboré par des dizaines de commentaires sur les réseaux sociaux, permet de disséquer les mécanismes d’un blocage qui paralyse l’administration et met en péril l’accès aux soins. Deux causes majeures émergent, l’inertie administrative tenace et l’incohérence budgétaire structurelle.

Le « laxisme », premier rouage du blocage

Le premier obstacle, décrit comme du « laxisme des agents administratifs » par le docteur J.D, est celui d’une bureaucratie lente et opaque. Ce n’est pas un secret ; la lourdeur de l’administration est un mal gabonais régulièrement dénoncé, y compris au plus haut sommet de l’État.

Des témoignages font état de dossiers qui se perdent dans les dédales des ministères, obligeant les candidats à se transformer en enquêteurs pour localiser et faire avancer leurs propres documents.Ce phénomène s’explique par la fragmentation du processus.

Un dossier de recrutement transite par une multitude de services répartis entre les ministères de la Santé, qui identifie les besoins ; la Fonction Publique, qui gère les matricules et la carrière ; et les Finances, qui valident les postes budgétaires et la mise en solde.

Comme l’a rappelé le Ministère de la Santé lui-même dans une réponse à un internaute, chaque ministère agit dans son propre couloir.

Sans une coordination sans faille et des processus numérisés pour assurer la fluidité, chaque étape devient un goulot d’étranglement potentiel et créé des délais qui se comptent non plus en mois, mais en années.

Le « présalaire », symptôme d’une déconnexion budgétaire

Le second rouage du blocage est encore plus pernicieux, car il est d’ordre financier et structurel. « Les affectations ne sont pas vraiment arrimées avec la loi de finances », témoigne le docteur.

En d’autres termes, des recrutements sont lancés et des affectations prononcées sans qu’un poste budgétaire correspondant soit systématiquement sécurisé.

Cette pratique donne naissance au concept de « présalaire », une situation où les agents recrutés perçoivent une indemnité minimale en attendant leur intégration complète dans le budget de l’État.

« Le recrutement consiste juste à l’insertion dans une file, on ne sait quand la personne recevra son dû », déplore un médecin.

Cette situation crée une catégorie d’agents publics en situation de précarité, officiellement en poste mais sans la pleine reconnaissance financière de leur statut.

C’est la conséquence directe d’une gestion où la volonté politique ou les besoins urgents sur le terrain priment sur la rigueur budgétaire, créant une dette latente envers les propres fonctionnaires de l’État.

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